Un rassemblement est prévu ce vendredi 29 mars. Comme chaque jour depuis dimanche, les manifestants vont se rassembler par milliers dans le quartier de El Rabiah à Amman, à quelques mètres de l’ambassade israélienne. Les autorités jordaniennes déploient à chaque fois des centaines de policiers. Et mardi 27 mars, des dizaines de personnes ont été frappées et arrêtées après qu’elles ont tenté de forcer le cordon de sécurité de la police pour atteindre le bâtiment diplomatique. C’est la première fois que les manifestants réussissent presque à atteindre l’ambassade israélienne.
L’ambiance se durcit, la colère est de plus en plus palpable du côté des manifestants, ont confié des participants à TRT Français. La foule réclame l’annulation du traité de paix signé entre la Jordanie et Israël en octobre 1994 et la fermeture de l’ambassade israélienne. Raya Sharbaine est Palestino-Jordanienne ; la jeune femme participe aux manifestations tous les jours depuis dimanche dernier avec ses amis. “Les manifestations n’ont pas cessé depuis octobre dernier. Si les manifestations dans d’autres pays demandent un cessez-le-feu, nous, nous voulons que la Jordanie coupe tout lien avec Israël. Nous devons revenir à la situation d’avant 1994”, déclare Raya. Les membres de sa famille sont éparpillés en Palestine. Ceux qui étaient à Gaza l’ont quittée en novembre 2023. “Je me sens autant Jordanienne que Palestinienne. Aujourd’hui il y a dans les manifestations, autant de Jordano-Palestiniens que de Transjordaniens. Cette guerre nous réunit”.
Roula Al Hroub est une ancienne député, elle appartient au Forum national, un mouvement politique qui réunit cinq partis politiques et qui a lancé le mouvement de manifestation. “Les gens n’en peuvent plus. Ça fait 6 mois que cela dure et on sent la colère monter. C’est une mise en garde pour les États-Unis et pour Israël”, précise-t-elle. Très engagée, la jeune femme dit craindre des débordements. Cette colère s'accompagne-t-elle d’un soutien au Hamas ? Mercredi soir, on pouvait entendre dans la manifestation : “Hamas, le peuple jordanien est avec toi !”
Roula al Hroub rejette cette version des faits : “Oui, il y a parmi les manifestants des soutiens au Hamas, et il est vrai aussi que le Hamas attire la sympathie de la population car ses membres tiennent tête à la machine de guerre israélienne. Cependant, je dirais que 80% des gens qui descendent dans la rue n’ont aucune affiliation politique, ils sont juste à bout.”
Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, multiplie ces derniers jours les appels à ses collègues européens pour demander l’application du cessez-le-feu voté par le Conseil de sécurité des Nations unies lundi dernier. Sans doute, l’un des moyens pour calmer les tensions en Jordanie.