Les enfants de Gaza, y compris les nouveaux-nés, vivent un drame à huis clos, du fait des conséquences de l'offensive militaire israélienne qui dure depuis neuf mois.
L’organisation humanitaire Save the Children a estimé à 20.000 le nombre d’enfants portés disparus à Gaza, en plus des 15.000 tués depuis qu'Israël a lancé sa guerre contre la bande de Gaza en octobre 2023.
L'UNICEF, de son côté, déplore qu’au moins 17.000 enfants palestiniens de la bande de Gaza soient restés seuls ou séparés de leurs familles depuis le début de la guerre.
Les enfants séparés, selon la conception de l'UNICEF, sont ceux qui sont sans leurs parents, tandis que les enfants non accompagnés sont ceux qui sont séparés de leurs parents et n'ont pas d'autres proches pour prendre soin d'eux.
D’après les estimations de l’ONU, 17.000 enfants séparés ou non accompagnés, cela représente 1% des 1,7 million de déplacés dans l’enclave palestinienne.
Les enfants de Gaza sont devenus les principales victimes de la guerre israélienne. Pour la plupart, ils ont perdu leurs parents ou proches, une situation qui les oblige à devenir précocement des adultes.
“Dans un centre où sont hébergés et pris en charge des enfants non accompagnés, j'ai également vu deux très jeunes enfants âgés de 6 et 4 ans”, témoigne Jonathan Crickx, chef de la communication de l’UNICEF pour la Palestine.
“Ils sont cousins et toutes leurs familles respectives ont été tuées dans la première quinzaine de décembre. La petite fille de quatre ans –en particulier– est encore sous le choc”, relève-t-il, exprimant des craintes que la situation des enfants ayant perdu leurs parents ne soit bien pire dans le centre et le nord de Gaza.
La dislocation du tissu social est telle que contrairement au passé, la famille élargie a du mal à s'occuper des enfants seuls ou non accompagnés en raison de la crise humanitaire qui a rendu la vie très difficile. L’impact du blocus du point de passage de Rafah est tel que les familles sont privées de besoins essentiels comme la nourriture et l’eau. S’occuper d’enfants supplémentaires, fussent-ils de la famille élargie, apparaît comme un véritable défi.
Une santé mentale précaire
Ce contexte de violence et de morosité impacte la santé mentale des enfants. Les enfants seuls et non accompagnés sont plus fragiles.
“Ils présentent des symptômes tels que des niveaux extrêmement élevés d'anxiété persistante, une perte d'appétit, ils ne peuvent pas dormir, ils ont des excès d'émotion ou de panique à chaque fois qu'ils entendent les attentats à la bombe”, explique l’UNICEF.
Avant cette guerre, l'UNICEF estimait que plus de 500.000 enfants avaient déjà besoin d’aide liée à la santé mentale et de soutien psychosocial dans la bande de Gaza. Aujourd’hui, elle estime que presque tous les enfants ont besoin de ces soins, soit plus d’un million d’enfants.
Les Nations unies et des ONG humanitaires œuvrent à apporter un soutien mental et psychosocial aussi bien aux enfants qu’aux soignants.
Dans ce vaste champ de ruine qu’est devenu Gaza, il n’est pas surprenant d’assister à des activités récréatives impliquant les enfants en général.
Pour un moment, les enfants seuls ou non accompagnés retrouvent leur innocence et leur insouciance. Ils peuvent alors jouer, dessiner, danser, chanter et sourire. Cela les aide à faire face à la terrible situation qu’ils traversent.
Le retour de la paix est la condition qui permettra aux enfants seuls ou non accompagnés de Gaza, de retrouver leur humanité et de vivre comme les enfants ordinaires.