Des Palestiniens évacuent Gaza, sur ordre de l'armée israélienne / Photo: AA (AA)

Cela fait 9 mois qu'Israël poursuit sans interruption son offensive militaire à Gaza. Selon des témoins, des frappes aériennes ont visé mardi Khan Younès, d'où l'armée israélienne s'était retirée début avril après une bataille de plusieurs mois. Des sources médicales ont fait état d'au moins huit morts et une trentaine de blessées dans ce secteur.

L'armée a affirmé mardi poursuivre ses opérations à Choujaïya, dans le nord, dans le centre de la bande de Gaza ainsi qu'à Rafah. A Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza, entre 60.000 et 80.000 personnes ont été contraintes de fuir depuis le 27 juin, date de lancement d’une opération israélienne, selon l'ONU,.

Des milliers de familles palestiniennes ont évacué mardi plusieurs secteurs du sud de la bande de Gaza, poussées sur les routes après un ordre d'évacuation de l'armée israélienne qui fait craindre une nouvelle opération militaire d'envergure. .

Environ 250.000 personnes sont appelées, selon l'ONU, à évacuer depuis lundi des secteurs de l'est de Rafah et de Khan Younès, en quête d'eau, de nourriture et d'abris à travers le territoire dévasté par près de neuf mois de la guerre menée par Israël.

Israël n'a pas indiqué s'il y aurait une nouvelle opération d'envergure dans le sud de Gaza mais ses ordres d'évacuation sont généralement un préambule à d'intenses combats.

Cet appel qui concerne un territoire de 117 kilomètres carrés, soit un tiers de la superficie de la bande de Gaza, est "le plus important depuis octobre, quand les habitants du nord de Gaza avaient reçu l'ordre d'évacuer" aux premiers jours de la guerre, a souligné le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha). .

"Une évacuation à une échelle aussi massive ne fera qu'accroître les souffrances des civils et les besoins humanitaires", a averti l'Ocha.

Mardi, par des températures avoisinant les 30 degrés, des familles déplacées fuyaient à pied, ou entassées dans des voitures et des remorques surchargées, au milieu des ruines poussiéreuses de Khan Younès, la plus grande ville du sud de la bande de Gaza. Certains avaient dormi dehors, ne sachant où aller.

Le président français Emmanuel Macron a appelé mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à ne pas engager de "nouvelle opération" près de Khan Younès et Rafah.

- 1,9 million de déplacés -

Au total, 1,9 million d'habitants de la bande de Gaza sont à présent déplacés, soit 80% de la population, a déclaré mardi la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour le territoire, Sigrid Kaag, qui s'est dite "vivement préoccupée" par le nouvel ordre d'évacuation.

L’ordre d’évacuation fait suite à des tirs de roquettes effectués lundi vers Israël, revendiqués par le Jihad islamique, un groupe de résistance palestinien allié du Hamas.

Après avoir progressé depuis le nord de la bande de Gaza, l'armée a lancé le 7 mai une opération terrestre à Rafah, une ville frontalière avec l'Égypte, alors présentée comme l'ultime étape de cette guerre dévastatrice.

Mais ces dernières semaines, les combats ont repris avec intensité dans plusieurs régions que l'armée avait dit contrôler, notamment dans le nord.

- "Un abîme de souffrance" -

L’offensive militaire israélienne à Gaza menée depuis le 7 octobre a déjà fait 37.925 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza. .

. L’opération effectuée par le mouvement de résistance Hamas ce jour du 7 octobre a entraîné la mort de 1.195 personnes, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 110 personnes sont toujours retenues en otages à Gaza, parmi lesquelles 42 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Benjamin Netanyahu a réaffirmé mardi qu’il n’arrêterait la guerre qu’une fois tous les objectifs "atteints", "dont la destruction du Hamas et la libération de tous les otages".

Réagissant à des déclarations anonymes reprises dans le journal américain New York Times, indiquant qu'Israël serait prêt à mettre un terme à la guerre sans avoir atteint ses objectifs, M. Netanyahu a assuré que cela "n'arriverait pas".

"Nous ne succomberons pas aux sirènes du défaitisme", a-t-il dit, selon son bureau.

Le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, a reconnu qu'il s'agissait "d'une campagne longue", nécessitant "beaucoup de volonté, de patience et de persévérance".

La guerre a provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire assiégé, où l'eau et la nourriture manquent et où l'aide arrive au compte-gouttes.

"Les civils palestiniens de Gaza sont plongés dans un abîme de souffrance. Leur vie est brisée", a déploré mardi Sigrid Kaag. "La guerre n'a pas uniquement créé la plus profonde des crises humanitaires. Elle a déclenché un maelstrom de misère humaine", a ajouté cette responsable de l'ONU.

Lire aussi: Près d'un million de personnes ont fui Rafah au cours des trois dernières semaines


TRT Français et agences