On ne change pas une équipe… qui perd. C’est comme si les élections législatives n’étaient pas passées par là. Yaël Braun-Pivet a été réélue avec les voix du camp présidentiel et celle du parti Les Républicains. Ces deux partis étaient aux affaires et ont été sanctionnés par le vote. L'élection de la présidente de l'Assemblée nationale a donc quelque chose de singulier.
Ces deux groupes politiques se sont unis pour garder leur candidat à la tête de l’hémicycle. Si certains députés ont applaudi le résultat du vote, les électeurs eux risquent de ne pas comprendre qu’on retrouve aux responsabilités ceux qui ont été sanctionnés dans deux élections (européennes du 9 juin et législatives du 7 juillet).
Yaël Braun-Pivet a promis, à la fin du vote, d'innover et d’inventer de nouvelles méthodes de travail avec d’avantages de compromis. “Nous avons une énorme responsabilité”, a-t-elle déclaré avant de s’éclipser.
C’est oublier qu’elle a été une présidente très clivante durant ces deux dernières années, prenant par exemple des sanctions systématiques contre les députés La France insoumise alors que de simples rappels à l’ordre étaient possibles.
Enfin 220 voix c'est une toute petite majorité relative qui ne tiendra pas forcément lorsqu'il faudra voter des textes.
La gauche unie mais a perdu
La gauche a perdu son pari d’imposer un candidat à la tête du perchoir pour treize voix d’écart ! André Chassaigne a fait le plein des voix à gauche mais n’a pas convaincu ou attiré les votes de députés des autres groupes. Le candidat malheureux s’est exprimé aussitôt le résultat connu. “Nous avons défendu nos couleurs, notre programme avec fierté, nous avons mené ce combat unis”. Il ajoute ensuite, “le vote des Français a été volé par une alliance contre-nature, (...) “nous continuerons le combat.”
Les députés de gauche ont critiqué la démission du gouvernement mardi dernier ce qui a permis aux 17 ministres élus députés de voter et pour la gauche, c’est une stratégie qui a permis l’élection de Yaël Braun-Pivert, une stratégie “pour piétiner le vote des Français”.
Les Républicains ont soutenu le camp Macron
Le Nouveau Front populaire paie sans doute sa lenteur à présenter un candidat pour Matignon, bien qu’arrivé en tête du scrutin du 7 juillet, il n’a pas la majorité absolue et n’a pas réussi à nouer des alliances.
C’est l’illustration de la fragilité de cette majorité de gauche constituée de quatre partis, souvent divisés, qui est isolée dans une Assemblée majoritairement à droite. C’est un ratage politique et le Nouveau Front populaire a perdu en partie sa légitimité à former un gouvernement.
Lors de ce scrutin, une alliance s’est faite à droite entre Ensemble, le camp présidentiel et les Républicains. Il n’y a pas d’accord de gouvernement entre les deux mais il y a eu sans doute des discussions. On verra demain vendredi avec l’élection des vice-présidents de l’Assemblée et présidents de commissions s'il y a un retour d’ascenseur au profit des députés Républicains. Cette union de circonstance a fait bondir plusieurs élus ce jeudi soir, les Républicains s’étant déclaré groupe d’opposition dans l’hémicycle.
Le Rassemblement national s’est également déclaré groupe d’opposition jeudi. Il a maintenu son candidat durant les trois tours, il n’y a donc eu a priori aucune entente avec le bloc présidentiel. Sébastien Chenu, candidat malheureux du RN a dénoncé des “magouilles” après l’élection, et a rappelé que son parti avait la responsabilité de 10 millions de votes et qu’il refusait ces petits arrangements. “Nous ne voulons pas de postes, nous voulons que nos électeurs soient respectés”, a-t-il lancé.