La lutte contre le trafic de drogue est érigée en grande cause nationale. La campagne à venir sera partout : dans les bus, les transports comme le RER et le métro, les télévisions, les réseaux sociaux ; elle vise surtout les 15-35 ans. Et le ministère a bien insisté sur ce point, cette campagne sera entièrement financée par les biens confisqués à des trafiquants de drogue.
Le ministre a été clair, les services de police font un travail énorme, ils ont saisi 23 tonnes de cocaïne en 2023, 47 en 2024 ; mais malgré cela la consommation de drogues augmente en France.
Selon une étude récente de L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), “la demande de cocaïne n’a jamais été aussi forte”.
1,1 million de personnes en ont consommé au moins une fois dans l'année en 2023 en France selon l’OFDT. Cette même année, la consommation de cannabis a continué d’augmenter et comptait 5 millions d’usagers. Elle concernait plus de la moitié de la population française âgée de 18 à 64 ans. La drogue s’invite aussi dans les cours d’école, notamment sous la forme du protoxyde d’azote.
lire aussi: Europol: les pays de l'UE sont en proie à des centaines de gangs criminels dangereux
Le combat est d’autant plus titanesque que le consommateur type est Monsieur ou Madame tout le monde : l’avocat stressé, le chauffeur de taxi surmené ou le lycéen. Et on peut se faire livrer partout, même à la campagne.
Si il n’y a pas de consommateur, il n’y a pas de trafic
Face à cette situation qui s’aggrave, le ministère de l’Intérieur est arrivé à une conclusion simple : si les consommateurs sont moins nombreux, il y aura moins de trafic. Bruno Retailleau assume pleinement cette campagne qui vise à mettre les consommateurs devant leurs responsabilités, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse : “Fumer un joint, c’est avoir du sang sur les mains”, selon le ministre.
lire aussi: "Prolifération" de nouvelles drogues de synthèse dans l'UE
Le ministère rappelle qu’en 2024, 367 assassinats ou tentatives d’assassinats liés à des trafic de drogues ont été répertoriés.
Le ministre a insisté sur les victimes de ces trafics, notamment les enfants. Plusieurs faits divers récents ont choqué en France. Ainsi en novembre dernier, un enfant de 5 ans est blessé à la tête par balle à Rennes. Il était une victime collatérale d’une course-poursuite entre trafiquants. En octobre dernier, à Grenoble, un adolescent de 15 ans est tué par balle sur un point de deal. Et puis, il y a les nombreux faits divers à Marseille où, parfois, ces enfants travaillent pour les réseaux de drogue.
Le ministre souhaite également renforcer la législation, Bruno Retailleau ne mâche pas ses mots : “Il faut frapper le consommateur au portefeuille. Je veux rendre les consommateurs responsables parce qu’ils violent la loi ; et violer la loi c’est participer à un système. S’il y a des leaders, c’est parce qu’il y a des consommateurs. Au bout des joints, au bout des rails de coke, il y a le canon des armes qui tuent“. La loi narcotrafic qui renforce la répression a été votée quasi à l’unanimité par le Sénat, mardi. Elle comporte un statut du repenti, assure la confiscation des biens quand on ne peut justifier de l’origine de ses revenus, ou encore interdit de payer la location d’une voiture en liquide. Le texte va maintenant être étudié par les députés.