C’est la grand-messe traditionnelle des fins de campagne sur la chaîne France 2, un débat avec les temps de parole affichés en gros. C’était un peu un débat à deux, d’un côté il y a avait Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national, de l’autre les têtes de liste des autres partis qui essayaient de le piquer au vif.
Marion Maréchal, sœur de cœur de Jordan Bardella, s'est contentée d’appeler les électeurs à voter pour elle pour diversifier le vote à l’extrême-droite et a entonné avec lui leur obsession de l’immigration et de la perte d’identité de l’Europe.
Jordan Bardella a donc déroulé son discours habituel, il a imposé ses thèmes et seuls deux le mobilisent, l’immigration et le pouvoir d’achat.
Pour lui, l’immigration menace l’Europe. Les chiffres le contredisent, l’immigration illégale est revenue à des niveaux bas.
Peu importe aussi pour lui que plusieurs pays européens légalisent des sans-papiers par centaines de milliers parce qu’ils ont besoin de main d’oeuvre comme le très à droite gouvernement italien qui propose 450 000 visas de travail d’ici 2025. Le parlement espagnol vient de voter la régularisation de plus de 500 000 migrants pour soutenir une économie en mal de main d'œuvre bon marché, il n’en a cure. Tant pis si en France des métiers dits sous tension peinent à recruter.
Peu importe tout cela, la tête de liste RN rêve d'une double frontière avec des contrôles aux frontières intérieures de l’UE pour les seuls non-européens.
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L’immigration est un épouvantail qui rapporte des voix.
Raphaël Glucksmann, le candidat socialiste le tackle, cette proposition est irréalisable. Le socialiste préférerait des voies de migration légales, pour éviter les risques pris par les candidats à l’immigration et servir les besoins des économies européennes.
L’immigration est l'obsession du RN, mais c’est aussi le sujet numéro 1 dans ce scrutin. Plusieurs sondages placent l’immigration à la tête des préoccupations des Français à quelques jours des élections européennes. (Sondage Odoxa-Backbone Consulting pour le Figaro, publié le 31 mai. L’immigration arrive en tête avec 41% des réponses mais le pouvoir d’achat est placé juste derrière). C’est aussi un sujet que les électeurs identifient comme une compétence européenne.
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Le RN se veut le parti du pouvoir d’achat
Second cheval de bataille de Jordan Bardella : le pouvoir d’achat. A la question, quelle mesure défendriez-vous au parlement européen pour changer la vie des Français ? Il répond “pouvoir d’achat”, avec une sortie de la tarification de l’énergie au niveau européen pour faire baisser les factures de 30 à 40% .
Le marché européen est une bourse d’échange d’électricité pour assurer que tous les pays membres aient assez d’électricité. Mais les prix ont explosé entre 2022-2023 parce que le coût des matières premières (gaz et pétrole) a explosé.
Sortir de ce système ne ferra pas forcément baisser les prix de 30 à 40% comme le promet le candidat RN. EDF produit un mégawattheure à 60 euros donc pas très cher, mais s’y ajoute les taxes et le coût des investissements en éolien, solaire, centrale électrique et autre moyen de production qui sont imputés sur les factures des consommateurs.
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Sur les autres thèmes abordés, le candidat populiste n’a que peu ferraillé, si ce n’est sur la guerre en Ukraine. Les autres candidats n’ont pas manqué de lui rappeler les liens de son parti avec la Russie. Si Jordan Bardella n’a pas pris de risques, c’est que tout simplement qu’à cinq jours du scrutin, il caracole en tête des sondages, encore et encore. Sa liste est créditée de 33% des intentions de vote.