Rien ne va plus. Il n’y a toujours pas de majorité absolue à l’Assemblée, le Nouveau Front populaire est au bord de l’implosion. Il n’arrive pas à s’entendre sur un ou une candidat(e) commun(e). Lundi soir, le nom de Laurence Tubiana, économiste et présidente de la Convention citoyenne pour le climat, a été présenté par le parti socialiste, le PCF et les Écologistes.
Cette candidate a été immédiatement rejetée par la France Insoumise qui a suspendu les négociations puis ce mardi annonce la reprise des négocaitions. La candidate Tubiana était trop Macron-compatible apparemment.
L’ambiance n’est donc pas au beau fixe alors que le bloc de gauche doit se décider d’ici jeudi sur un nom commun pour la présidence de l’Assemblée nationale. La nouvelle assemblée se réunit pour la première fois, le 18 juillet, et doit élire le président de l’Assemblée. C’est, probablement, à ce moment-là que tout se jouera.
Deux options prévalent. Soit le bloc Ensemble s’entend sur une majorité pour faire réélire Yaël Braun-Pivet, candidate à sa propre succession, et dans ce cas, il acquiert la légitimité requise pour former un gouvernement. Soit le bloc de gauche réunit autour de lui assez de députés pour faire élire son ou sa candidat(e) et il marque un point. Trois noms circulent du côté de la gauche, celui de l’écologiste Cyrielle Chatelain, du socialiste Boris Vallaud et du communiste André Chassaigne.
Le 18 juillet, date à laquelle tout se joue
L’élection au perchoir se fait sur trois tours. Lors des deux premiers tours, il faut obtenir la majorité absolue ce qui se révèle difficile étant donné la configuration de la nouvelle assemblée. Lors du troisième tour le candidat est élu à la majorité relative, et c’est sans doute là que tout se jouera.
La présidente de l’Assemblée proche de Macron entend garder son poste. Elle se serait rapprochée, dans cette optique, du groupe Rassemblement national, qui compte 143 députés et peut donc faire basculer l’élection dans un sens ou dans un autre.“Dans ces conditions, le RN est l'arbitre des élégances”, commente Benjamin Morel, maître de conférences en droit public dans le Figaro.
Une configuration “donnant donnant”, puisqu’outre le poste de président de l’Assemblée, les partis politiques se partagent les postes de présidents de commission, de questeurs etc. Certaines commissions sont très importantes comme celle des Finances ou de la Défense. Le RN pourrait ainsi obtenir quelques postes clés en retour de son soutien à un candidat au perchoir.
Chaque groupe politique reçoit un nombre de points en fonction de son importance dans l’hémicycle mais certaines présidences de commission sont plus stratégiques que d’autres et c’est sans doute là que les retours d’ascenseurs peuvent se faire.
Le cas Gabriel Attal
À droite, le Premier ministre Gabriel Attal, toujours en fonction, a été élu président du groupe Ensemble à l’Assemblée nationale. De ce fait, il doit être démis de ses fonctions d’ici jeudi. En effet, il ne peut être premier ministre de plein droit et député en même temps. La rumeur va donc bon train et il semble que le président Macron va accepter sa démission ce mardi, ce qui permettrait de débloquer la situation.
Le gouvernement “démissionnaire” peut gérer les affaires courantes d’autant que les Jeux Olympiques débutent le 26 juillet courant. Ce qui permettra aux ministres élus députés (Darmanin, Attal) d’exercer leur mandat parlementaire et de participer à l’élection du président de l’Assemblée.
À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Certains juristes s’étonnent, tout de même, d’une solution qui remet en question un des principes fondateurs du système politique français, celui de la séparation des pouvoirs. Selon le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier, même démissionnaire, cet état de fait n’est pas constitutionnel : "Une autorité qui gère les affaires courantes reste une autorité décisionnaire et si on applique strictement l’article 23, il ne peut pas être député".