Après des élections législatives, le gouvernement qui a perdu les élections doit céder la place. Comme il est de coutume, Gabriel Attal a présenté sa démission. Emmanuel Macron pouvait l’accepter et lui demander de gérer les affaires courantes. Il a refusé sa démission et lui a demandé de gérer les affaires courantes. Un détail qui a son importance : le gouvernement demeure, ainsi, avec toutes ses prérogatives. Il n’est pas seulement question de gérer les affaires courantes.
Le choix a t-il été fait pour permettre au gouvernement d’agir car l’ouverture des Jeux Olympiques approche à grands pas ? Pour Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste et auteur du blog La Constitution Décodée, cette décision “est constitutionnellement incompréhensible et démocratiquement irresponsable”. L’universitaire explique qu’un gouvernement démissionnaire aurait aussi bien pu gérer les affaires courantes. “Sur le plan démocratique, Emmanuel Macron a perdu les élections et il ne saurait imposer quoi que ce soit. Enfin, nul doute que si la démission n’est pas acceptée d’ici le 18 juillet, date d’ouverture de la session extraordinaire, une motion de censure serait immédiatement déposée, discutée et certainement adoptée”.
Un appel aux élus de la gauche Républicaine
Si on met cette décision en perspective, si on y ajoute le fait que Yaël Braun-Pivet, députée Renaissance et ex-présidente de l’Assemblée nationale glisse ici et là qu’elle est candidate à sa propre succession, que le camp de gauche n’a pas de majorité, qu’il faut construire une coalition avec le bloc “central, “le camp présidentiel se voit donc toujours en faiseur de Roi, et estime que la coalition doit se faire autour de lui”. Stéphane Séjourné, ministre des Affaires étrangères, ne dit rien d’autre.
Dans une tribune dans le journal Le Monde, il appelle les élus de la Gauche républicaine hors LFI et les Indépendants à rejoindre le bloc central “pour chercher, par le dialogue et le compromis, un gouvernement et une feuille de route à la France.”
Un appel à respecter les élections
Bien sûr, Stéphane Séjourné conteste la légitimité du Nouveau Front populaire à former le nouveau gouvernement. Il n’a pas la majorité absolue. “Les mêmes qui conspuaient «la minorité présidentielle» de 250 sièges en 2022 sont aujourd’hui les premiers à prétendre disposer de tous les pouvoirs avec 182 sièges seulement ! Le Nouveau Front populaire n’est pas au-dessus de la démocratie parlementaire”.
En d’autres termes, le camp présidentiel n’admet pas sa défaite. Il essaie de construire une majorité à l’Assemblée autour de ses 156 députés pour garder la mainmise sur le choix de gouvernement. Stéphane Séjourné ajoute dans sa tribune : “il faut être réaliste”. Pour lui, cela veut dire en substance : “avec 178 députés, vous ne pouvez gouverner seuls, on ne peut gouverner seuls, gouvernons ensemble, mais sans LFI”.
Jean-Philippe Derosier tient à rappeler tant au camp de gauche qu’au camp présidentiel que ces élections ont été marquées par un front républicain.
D’après ses calculs, une cinquantaine de députés du NFP et 80 députés Ensemble sont élus parce qu’il y a eu désistement pour faire barrage au Rassemblement national. “Démocratiquement, il est nécessaire de tenir compte d’un tel vote, en prenant en considération le choix des électeurs, lequel impose d’atténuer certaines positions programmatiques en vue de composer un gouvernement de coalition qui dépasse un seul bloc politique. Toute prise de position inverse conduirait à l’échec”.