La formation du chef de file de la gauche radicale française Jean-Luc Mélenchon a conclu mardi un accord pour les législatives de juin avec les communistes, qui rejoignent ainsi les écologistes, dans un nouveau pas vers une union de la gauche.
Elle a parallèlement posé un ultimatum aux socialistes pour boucler des négociations qui se poursuivaient dans la nuit de mardi à mercredi.
Porté par ses près de 22% des voix et sa troisième position au premier tour de l'élection présidentielle le 10 avril, Jean-Luc Mélenchon ambitionne d'obtenir pour sa "Nouvelle union populaire" une majorité des 577 postes de députés de la prochaine Assemblée nationale et d'imposer ainsi un partage du pouvoir au chef de l'État, le centriste libéral Emmanuel Macron.
Ce scénario d'un président forcé de subir un Premier ministre issu de l'opposition dans la foulée de son élection serait inédit. Mais M. Mélenchon estime que la victoire d'Emmanuel Macron, réélu le 24 avril pour un second mandat, est due au rejet de son adversaire d'extrême droite Marine Le Pen et non à une adhésion à sa politique.
Le Conseil national du Parti communiste français (PCF) a validé mardi en fin d'après-midi l'accord tout juste finalisé avec La France insoumise (LFI) de M. Mélenchon, par 120 voix pour, 25 contre, 13 abstentions.
Salaire minimum à 1.400 euros net, hausse des salaires, retraite à 60 ans, blocage des prix, planification écologique: les deux formations se sont entendues sur de nombreux points programmatiques.
"Points de blocage"
Mais elles ne mentionnent pas la sortie du nucléaire, à laquelle les communistes sont opposés, pourtant mentionnée dans l'accord conclu dans la nuit de dimanche à lundi entre LFI et le parti Europe Écologie- Les Verts (EELV), selon les écologistes.
Selon André Chassaigne, président du groupe des députés communistes, le PCF a obtenu 50 circonscriptions dont les 11 des sortants et cinq jugées gagnables.
En revanche, les discussions avec le Parti socialiste (PS), parti de gouvernement historique sonné par le score catastrophique de 1,74% de sa candidate à la présidentielle, derrière le PCF, une première depuis plus d'un demi-siècle et divisé sur l'opportunité d'un tel accord, restent difficiles.
"Notre échange est cordial", mais "il reste des points de blocage à la fois sur le fo nd mais essentiellement sur les circonscriptions", a déclaré le négociateur de LFI Manuel Bompard.
Les négociations "ne continueront pas demain (mardi). C'est la date limite qu'on s'est fixée", a-t-il prévenu, arguant de la nécessité de rentrer définitivement en campagne dans de bonnes conditions.
Elles achoppent notamment sur le nombre de circonscriptions réservées au PS, sensiblement inférieur aux 100 circonscriptions, dont environ 30 considérées comme gagnables, obtenues par les écologistes, selon des sources politiques.
L'accord d'union prévoit entre autres la possibil ité de désobéir à certaines règles européennes, dans les seuls domaines budgétaires et économiques, au cas où l'Union européenne (UE) empêcherait l'application du programme.
Un rapprochement des socialistes avec la gauche radicale n'est pas du goût de figures historiques du PS, comme l'ancien président François Hollande ou l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Ce dernier a annoncé qu'il quitterait le PS en cas d'accord législatif avec La France insoumise, estimant que ses dirigeants ont "perdu leur boussole" d'un "socialisme républicain".