Entre 12 000 et 25 000 spectateurs sont attendus alors que le Stade de France peut accueillir 80 000 personnes. (Photo AFP) (AFP)

Alors que le sport est censé véhiculer des valeurs de paix et de fraternité, l'équipe d'un État qui commet l'indicible à Gaza est reçue au Stade de France. Ce jeudi soir, la France affronte Israël dans un contexte où les Palestiniens sont tués par milliers, et où le silence complice de la communauté internationale se fait de plus en plus pesant.

Pour sécuriser le match comptant pour la Ligue des Nations, un dispositif exceptionnel a été mis en place avec un total de 4 000 policiers et gendarmes qui seront déployés autour et dans le stade de Saint-Denis, un fait rare. Ce dispositif sera aussi de mise dans les transports en commun et dans Paris. Entre 12 000 et 25 000 spectateurs sont attendus alors que le stade peut accueillir 80 000 personnes.

Ce match devrait donc enregistrer la plus faible affluence de l’histoire des Bleus au Stade de France.

Le président Emmanuel Macron assistera au match en tribune d’honneur pour "envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam", selon son entourage. Selon plusieurs médias français, ses deux prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que le Premier ministre Michel Barnier assisteront également à la rencontre. Le député Thomas Portes (La France Insoumise) a pour sa part vivement exprimé son opposition à la tenue de cette rencontre.

Lors d’une interview avec Anadolu, il a réitéré la demande de son groupe parlementaire d’annuler l’événement, qu’il qualifie de "honte absolue".

Selon Thomas Portes, accueillir l’équipe d’Israël, qui représente un État engagé dans "un génocide en cours à Gaza", revient à légitimer des exactions et à banaliser une crise humanitaire majeure.

"Le sport n’est pas neutre", a-t-il déclaré, soulignant que des décisions politiques sont parfois nécessaires pour répondre à de telles situations. Il appelle à une prise de conscience et à une décision "raisonnable" pour éviter que la France ne soit complice, par son silence, des violences perpétrées contre le peuple palestinien.

Silence des institutions et responsabilité partagée

Répondant aux déclarations de la Fédération française de football (FFF), qui impute la responsabilité de la tenue du match à l’UEFA, Thomas Portes a dénoncé une attitude de dédouanement généralisée. Il a rappelé que, malgré la centralisation des décisions à l’échelle internationale, des leviers existaient à différents niveaux pour agir. La Fédération sportive palestinienne a, par exemple, demandé la suspension d’Israël des compétitions internationales, une mesure qui pourrait être prise par la Fifa. "Pourtant, tout le monde regarde ailleurs, pendant que le peuple palestinien est massacré", a-t-il déploré.

Le député a également interpellé le gouvernement français et la FFF, affirmant qu’ils auraient pu s’opposer à la tenue du match en invoquant des motifs éthiques ou politiques. Selon lui, la situation actuelle révèle un manque de courage politique: "Tout le monde se renvoie la balle, mais personne ne prend ses responsabilités".

Appel aux footballeurs français

Interrogé sur un éventuel appel envers les footballeurs, Thomas Portes espère que les joueurs français profiteront de cette occasion pour afficher leur solidarité envers le peuple palestinien, même si le match se déroule comme prévu. Il a cité des exemples de sportifs engagés par le passé, comme les footballeurs américains ayant protesté après la mort de George Floyd ou encore François Moncla, ancien capitaine de l’équipe de France de rugby, qui avait dénoncé l’apartheid en Afrique du Sud.

"Les footballeurs français doivent comprendre qu’ils sont des ambassadeurs, et qu’ils ont le pouvoir d’envoyer un message fort", a-t-il souligné.​​​​​​​

Contexte explosif et mobilisations

Cette position intervient dans un contexte où des appels au boycott se multiplient. Olivia Zemor, présidente de l’association EuroPalestine, a exhorté les Bleus à "ne pas blanchir un génocide" en jouant contre Israël. Elle dénonce également la "complicité dans le silence" des institutions sportives et politiques face aux violences en Palestine.

Les tensions sont également exacerbées par des mesures récentes, telles que l’interdiction des drapeaux palestiniens dans les stades. Pour Thomas Portes, ces décisions visent à " invisibiliser la situation à Gaza" et à "blanchir les actions du gouvernement israélien".

Le débat autour de la tenue de ce match soulève des questions plus larges sur la politisation du sport et l’hypocrisie des institutions internationales. À plusieurs reprises, des États ont été exclus de compétitions sportives pour des raisons politiques. Pourquoi ce même principe ne s’appliquerait-il pas à Israël, accusé de violations graves du droit international, s'interroge le député.

Le match se tiendra alors qu'Israël poursuit ses attaques sur la bande de Gaza, malgré une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat. Depuis le 7 octobre 2023, plus de 43 500 personnes ont été tuées, principalement des enfants et des femmes, et plus de 100 000 autres ont été blessées, selon les autorités sanitaires palestiniennes.

TRT Français et agences