Les tracteurs sont de nouveau de sortie, en barrage, pour des opérations escargots, ou alors les agriculteurs décrochent les panneaux de signalisation dans les villages et ils les remplacent par des panneaux à message, ailleurs, ils bloquent la circulation. 80 départements sont concernés ce matin.
La contestation revient six mois après une première mobilisation au printemps. Le gouvernement avait fait environ 70 promesses. Cela allait d’une loi pour faciliter l’installation de nouveaux paysans à des mesures de simplification administrative, en passant par des allègements fiscaux sur le gasoil ou sur l’emploi des saisonniers.
Deux tiers des promesses sont en cours de réalisation, affirme le ministère de l’Agriculture mais la FNSEA, le principal syndicat agricole français, n’est pas d’accord avec ce bilan et craint que le nouveau gouvernement ne passe à la trappe certaines mesures au nom du retour à l’équilibre financier.
Pour la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, le compte n’y est pas. Le revenu agricole est toujours insuffisant pour vivre décemment. La situation ne s’est pas améliorée en six mois, dit-elle.
lire aussi: Agriculture: des visas de travail facilités pour la main d’oeuvre étrangère en France
Il y a en effet des retards sur le vote de certaines lois, notamment celle relative à l’orientation agricole dont l’examen est repoussée à début 2025 à cause de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Mais le gouvernement a aussi aidé le secteur cet été, par exemple par une campagne nationale de vaccination gratuite et un fonds d’indemnisation d’urgence de 75 millions d’euros pour les élevages impactés par les épidémies de fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie hémorragique épizootique (MHE).
Des prêts garantis par l’État de court terme, jusqu’à 50.000 euros ont été créés.
Le Mercosur au coeur de la grogne
Dans une agriculture française en crise et qui a peur de son avenir, l’accord de libre-échange avec l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) cristallise toutes les craintes.
La FNSEA dénonce un libre-échange avec des secteurs agricoles qui ne sont pas soumis aux mêmes règles sanitaires et environnementales et qui pourront accéder au marché européen avec des produits moins chers. Pour les agriculteurs, c’est une concurrence déloyale.
En Argentine, Emmanuel Macron essaie pourtant de déminer la situation. Il assure défendre auprès de Javier Milei, le président argentin, les agriculteurs français. Le chef de l’Etat, Emannuel Macron, participe au G20 (réunion des 20 pays les plus riches) et il a déclaré à son arrivée en Argentine que "la France ne signera pas en l'état ce traité Mercosur".
Cet accord est en discussion avec l’Union européenne depuis vingt ans environ et la France est l’un des rares pays parmi les 27 à ne pas vouloir le signer. Les promesses d’Emmanuel Macron n’engagent que lui. Il est peu probable que devant le Parlement européen, la France puisse rassembler une majorité contre le Mercosur. Elle peut compter sur les Verts et la gauche mais ce n’est pas suffisant pour bloquer le texte.
De plus, l’Espagne et l’Allemagne poussent à une signature rapide du Mercosur.
Et depuis Rio de Janeiro, Ursula von der Leyen, la présidente de la commission européenne a d’ailleurs déclaré que l’accord était dans sa dernière ligne droite.