Ce traité, dont les négociations ont commencé en 2021, est à la fois le signe de l'intérêt croissant de Londres pour l'Asie-Pacifique et des efforts du Japon pour renforcer ses alliances face notamment à la Chine, qualifiée par le gouvernement nippon de "défi stratégique sans précédent" pour sa sécurité.
Cet accord va permettre de sceller "l'engagement du Royaume-Uni dans la sécurité dans l'Indo-Pacifique", a souligné Downing Street dans un communiqué.
Grâce à ce traité, le plus important en matière de défense entre les deux pays depuis l'alliance anglo-japonaise de 1902 contre la Russie, le Royaume-Uni deviendra le premier pays européen à disposer avec le Japon d'un tel accord. Ce dernier permet aux armées de chacun des pays de se déployer sur le territoire de l'autre, et plus généralement établit un cadre juridique pour leur coopération.
"C'est une avancée assez significative pour les deux pays", a estimé Euan Graham, un chercheur de l'Institut international d'études stratégiques interrogé mercredi par l'AFP.
Car l'absence d'un tel accord restreignait jusqu'à présent leur coopération bilatérale en matière de défense, et chaque opération était "plus compliquée au niveau diplomatique" en impliquant un feu vert du ministère des Affaires étrangères, a expliqué M. Graham.
Le traité doit permettre aux forces armées des deux pays de "planifier et mettre en oeuvre des exercices et déploiements militaires plus complexes et de plus grande ampleur", selon Downing Street.
"La région Asie-Pacifique est un haut lieu de développement pacifique, pas une arène pour des jeux géopolitiques", a réagi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.
"La coopération en matière de défense devrait favoriser l'amélioration de la compréhension mutuelle, la confiance et la coopération entre pays", a-t-il poursuivi, et non de "créer des ennemis imaginaires, et encore moins d'introduire la vieille mentalité de confrontation de blocs dans la région".
Tournée du G7
La Chine et le Japon, respectivement deuxième et troisième économies mondiales, sont d'importants partenaires commerciaux, mais leurs rapports se sont considérablement dégradés ces dernières années.
Le Japon se plaint régulièrement de l'activité maritime chinoise autour des îles Senkaku, administrées par Tokyo mais que Pékin revendique sous le nom de Diaoyu.
Le Japon, qui a signé en janvier dernier un accord similaire avec l'Australie, procède actuellement à un vaste remaniement de sa politique de défense pour contrecarrer la puissance militaire chinoise.
En décembre, il a ainsi approuvé une nouvelle "stratégie de sécurité nationale" prévoyant de doubler son budget annuel de défense en le faisant passer d'environ 1% de son PIB à 2% d'ici 2027.
Il s'agit d'un tournant majeur pour le pays, dont la Constitution pacifiste, adoptée au lendemain de sa défaite à la fin de la Seconde guerre mondiale, lui interdit en principe de se doter d'une véritable armée.
Le chef du gouvernement britannique, qui montre une posture de plus en plus ferme face à la Chine, a lui insisté sur le besoin de coopérer face aux "défis mondiaux sans précédent de notre époque".
Royaume-Uni et Japon sont en outre associés avec l'Italie pour développer un avion de combat de nouvelle génération d'ici à 2035.
En tournée dans plusieurs pays du G7 depuis lundi, M. Kishida s'est d'abord rendu à Paris et Rome. Après Londres mercredi, il est attendu jeudi à Ottawa, la capitale du Canada, avant de rencontrer le président américain Joe Biden vendredi à Washington.
En France, M. Kishida et le président Emmanuel Macron ont manifesté leur volonté de renforcer le partenariat entre leurs pays en matière sécuritaire dans la région Asie-Pacifique, contre "les tentatives unilatérales de changement du statu quo par la force", phrase employée par M. Kishida en allusion à la Chine.