Les décisions des fédérations françaises de football et de basketball d’exclure des compétitions les joueuses portant le hijab sont disproportionnées et discriminatoires, affirment des experts de l'ONU.
Les experts des Nations unies ont exhorté dans un communiqué la France à revenir sur "les mesures discriminatoires interdisant aux femmes et aux filles qui choisissent de porter le hijab de participer aux sports".
Ils considèrent que "les décisions des fédérations françaises de football et de basketball d’exclure des compétitions les joueuses portant le hijab, y compris au niveau amateur, de même que la décision du gouvernement français d’empêcher les athlètes françaises portant le hijab de représenter le pays lors de jeux olympiques de Paris, sont disproportionnées et discriminatoires, et enfreignent leurs droits de manifester librement leur identité, leur religion ou croyance en privé et en public, et de prendre part à la vie culturelle".
"Les filles et femmes musulmanes qui portent le hijab doivent avoir des droits égaux de participer à la vie culturelle et sportive, et de prendre part à tous les aspects de la société française dont elles font partie", ont soutenu les experts.
La neutralité et la laïcité de l’État ne sont pas des motifs légitimes d’imposition de restrictions des droits à la liberté d’expression et à la liberté de religion ou de conviction, ont-ils poursuivi.
Selon eux, "toute limitation à ces libertés doit être proportionnée, nécessaire pour atteindre l’un des objectifs énoncés en droit international (sécurité, ordre et santé publique, droits d’autrui), et justifiée par des faits qui peuvent être démontrés, et non par des présomptions, des hypothèses ou des préjugés".
La France avait interdit aux femmes voilées de représenter la France lors des jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet - 11 août), sous prétexte de respect de la laïcité.
Cette décision a suscité de nombreuses critiques, dont celle de Marta Hurtado, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH), qui a considéré que cette interdiction n’était pas juste.
"Personne ne devrait imposer à une femme ce qu'elle doit porter ou ne pas porter", avait-elle déclaré.
Plus tôt, en 2023, le Conseil d’Etat français avait rejeté une plainte déposée par le Collectif de femmes musulmanes contre l’interdiction du port du voile par la Fédération française de football, bien que cette interdiction ne soit pas conforme aux règles de la FIFA.
Selon les experts de l’ONU, "la décision du Conseil d’État dans le cas de la fédération française de football, de même que le projet de loi déposé devant le Sénat en mars 2024, non seulement confirment la mesure discriminatoire dans la pratique du sport, mais semblent sous-tendre que tout port du hijab dans l’espace public -expression légitime d’une identité et d’une croyanc - est assimilable à une atteinte à l’ordre public".
Les experts ont exhorté la France à "prendre toutes les mesures à sa disposition pour protéger" les femmes qui choisissent de porter le hijab, "dans un contexte d’intolérance et de fortes stigmatisations" et "d'assurer leurs droits et promouvoir l’égalité et le respect mutuel de la diversité culturelle".