La fin de TikTok aux États-Unis n’est pas forcément pour demain. La loi doit encore être votée au Sénat puis signée par le président Joe Biden. Même si celui-ci a déjà dit qu’il signerait si jamais la loi arrivait sur son bureau. Le gouvernement chinois a réagi ce jeudi, via le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin : “la loi votée place les États-Unis à l’opposé des règles de compétition juste qui régissent l’économie et le commerce international”. Si la loi passe, la maison mère de TikTok, ByteDance, aura six mois pour couper tout lien avec la Chine. Elle appartient à l'État chinois aujourd’hui.
170 millions d’Américains utilisent TikTok et dès l’annonce du vote de nombreux posts énervés sont apparus. Il existe même un “We are TikTok” (nous sommes TikTok).
On trouve pêle-mêle des posts de tristesse, avec de la musique lugubre, des posts incrédules tels que : “quoi, aux États-Unis, on censure une application ?” Et le sentiment qui domine est comment le pays de l’Oncle Sam, parangon de la démocratie libérale, peut-il en arriver là ?
Le compte Baldnewsnetworks (1,9 millions d’abonnés) appelle les utilisateurs à faire pression sur leur sénateur. “Nous voulons garder notre liberté de parole. La Chambre des représentants vient de nous voler le droit à la liberté de parole sur une application”. Les commentateurs s’interrogent tous sur ce qu’ils appellent une atteinte à la liberté de parole, un droit fondamental de la Constitution américaine. “Beaucoup d’Américains ont quitté les autres médias sociaux parce qu’ici c’est divertissant.”, conclut l’animation de Baldnewsnetworks.
Le compte “YourFavoriteGuy” avec 3,2 millions d’abonnés, géré par un lycéen, poste à sa communauté son analyse : “Ils veulent bannir TikTok parce qu’ils ne peuvent pas contrôler ce qu’on dit ici.” 352 votes pour contre 65 voix contre, c’est un vote inédit dans une assemblée d’habitude si divisée et il s’interroge. Il note aussi la rapidité avec laquelle la loi a été étudiée et votée par la Chambre des représentants, “en 3 jours, c’est du jamais vu”, insiste t-il. Il dénonce une censure contre une plate-forme où l’on peut parler de tous les sujets. Ainsi, il avance “qu’on peut [y] critiquer les politiciens américains et ils n’aiment pas ça.”
Joe Pagliarulo dont le compte est “Pags” (336 000 abonnés) pose une question : faut-il bannir TikTok ? Il demande à ses abonnés de donner leur avis. Lui, n’en voit pas la justification. Les applications comme Facebook, X ou Instagram collectent aussi les noms, les emails, les téléphones, les numéros de carte de crédit des utilisateurs. En ce sens, de quelle manière TikTok constituerait-elle un plus grand danger qu’une autre application demande-t-il ? La réponse de ses abonnés est unanime : non, Tik Tok ne devrait pas être banni.
TikTok une affaire politique
Ce n’est pas la première fois qu’une administration américaine tente de contrôler TikTok. Donald Trump a essayé. Le cœur du problème, c’est bien sûr le fait que la compagnie soit chinoise. ByteDance, la société chinoise qui gère TikTok aux États-Unis, a pourtant créé un centre de données aux Texas pour y stocker les données de ses utilisateurs américains en 2022. L’administration Biden n’a pas apporté de preuves que la société ByteDance partageait des données américaines avec le gouvernement chinois.
L’argument de la sécurité nationale avancé par les élus ne convainc pas vraiment les utilisateurs américains du média, même si la compétition entre les Etats-Unis et la République chinoise est féroce. Soulignons que l’approche des élections présidentielles de novembre prochain tend davantage l’ambiance. Mais c’est Facebook qui a régulièrement été montré du doigt pour un manque total de contrôle sur les messages publiés, comme des fausses informations sur le résultat des élections présidentielles le démontrent.
La fin de TikTok aux États-Unis bénéficierait forcément aux autres réseaux sociaux, notamment à Meta dont Marc Zuckerberg est le fondateur, ce qui reviendrait à donner un coup de pouce à une compagnie américaine, suggèrent certains commentateurs. La journaliste de The Federalist, Mollie Hemingway se demande pourquoi les élus américains ne s’inquiètent pas du rôle de Google. Cette application de recherche est quasi monopolistique, “elle est sur presque tous les téléphones américains, ils devraient plutôt se pencher sur ce que Google fait aux Américains”. Google, c’est en effet un moteur de recherche, mais aussi google map, youtube, chrome etc… et la compagnie est américaine. 92,8 milliards de personnes l’utilisent chaque jour, pour 63,9 milliards de recherches.
Posons la question : que fait-elle des données des utilisateurs non-Américains ?