Comme attendu, l'objectif de taux des fonds fédéraux ("fed funds"), le principal instrument de la politique monétaire aux Etats-Unis, a été porté entre 0,75% et 1%, et la Fed a clairement laissé entendre que de nouvelles hausses, sans doute de même ampleur, allaient suivre.
Son président, Jerome Powell, a toutefois précisé lors d'une conférence de presse que des hausses de taux de trois quarts de points n'étaient pas "activement" envisagées par les membres du Federal Open Market Committee (FOMC).
La banque centrale a aussi annoncé qu'elle commencerait le mois prochain à réduire son bilan, qui représente près de 9.000 milliards de dollars (8.530 milliards d'euros) en raison des achats massifs d'obligations réalisés ces dernières années pour maintenir des taux bas et soutenir l'économie.
Cette réduction du bilan sera plafonnée à 47,5 milliards par mois en juin, juillet et août, puis à 95 milliards par mois à partir de septembre, a précisé le FOMC.
"C'est très désagréable", a reconnu Jerome Powell au sujet de l'impact de l'inflation sur les ménages américains. "Toute personne normale du point de vue économique n'a probablement pas (...) des moyens supplémentaires (...) à dépenser et cela affecte immédiatement ses dépenses quotidiennes (...) d'essence, d'énergie et de choses de ce genre. Nous comprenons donc la souffrance que cela implique".
Il a assuré que lui et ses collègues du FOMC étaient déterminés à restaurer la stabilité des prix, même si cela passe par une remontée des taux directeurs qui se répercute sur ceux des prêts immobiliers ou du crédit automobile.
"Ce ne sera donc pas plaisant non plus mais au final, tout le monde se portera mieux (...) avec des prix stables", a dit Jerome Powell.
Le patron de la Fed a estimé que l'économie restait en bonne santé et qu'elle était capable de supporter la remontée des taux à venir, ajoutant que "nous avons de bonnes chances d'éviter une récession".
Détente des rendements et baisse du dollar
Malgré la contraction du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au premier trimestre, "les dépenses des ménages et l'investissement des entreprises restent solides. La croissance de l'emploi a été robuste", explique le FOMC dans son communiqué.
Mais l'inflation "reste élevée" et la guerre en Ukraine comme les nouveaux confinements sanitaires en Chine menacent d'alimenter les pressions à la hausse sur les prix, ajoute-t-il, soulignant que "le Comité est très attentif aux risques inflationnistes".
Sur les marchés, les rendements des bons du Trésor se sont orientés à la baisse après les déclarations de Jerome Powell sur l'ampleur des hausses de taux à venir et, vers 19h50 GMT, celui des titres à deux ans reculait de 13 points de base à 2,636% tandis que le dix ans cédait trois points à 2,9285%.
À Wall Street, l'indice Standard & Poor's 500 gagnait alors 3,07% tandis que, sur le marché des changes, le dollar amplifiait son repli face aux autres grandes devises (-0,70%), permettant à l'euro de remonter au-dessus de 1,06 dollar pour la première fois depuis une semaine.
"Le marché tablait en gros sur une probabilité de 50-50 d'une hausse de taux de 75 points de base d'ici juillet (...) et (Powell) a pratiquement exclu cela", a expliqué Mazen Issa, stratège devises senior de TD Securities à New York.
La Fed avait relevé mi-mars l'objectif des "fed funds" d'un quart de point malgré le souhait de plusieurs membres du FOMC d'une hausse plus importante, la majorité ayant privilégié la prudence trois semaines seulement après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L'inflation a depuis connu une nouvelle accélération, la guerre déclenchée par Moscou ayant fait bondir les prix de l'énergie et des produits alimentaires, tandis que le retour au confinement dans plusieurs régions de Chine pour combattre la résurgence de l'épidémie de COVID-19 perturbait une nouvelle fois les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Les statistiques sur l'emploi aux Etats-Unis ont parallèlement reflété des tensions sur le marché du travail, la pénurie de main-d'oeuvre favorisant l'augmentation des salaires.