"Il est désormais connu de tous que les organisations terroristes dans la région sont utilisées par l'Amérique pour ses propres intérêts et la sécurité d'Israël", a-t-il affirmé aux journalistes, durant le vol retour en provenance de Kazan, au Tatarstan en Russie, où il a participé au sommet des BRICS.
Une attaque terroriste a pris pour cible mercredi les locaux de la Turkish Aerospace Industries (TAI), à Ankara, faisant 5 morts et 22 blessés. Les deux terroristes, un homme et une femme, ont été identifiés comme des membres de l’organisation terroriste PKK/YPG.
Erdogan qui a expliqué que l’enquête concernant l’attaque a révélé que les terroristes s’étaient infiltré depuis la Syrie a assuré que les efforts se poursuivent pour éradiquer complètement le terrorisme à sa source.
"L'Amérique fournit-elle à Israël toutes sortes d'outils, d'équipements, de munitions et toutes sortes de soutien dans la région ? Donne-t-elle de l'argent ou non ? Nos yeux et nos oreilles sont ouverts à tous les développements qui ont lieu à côté de nos terres et nous ne pouvons pas faire de compromis à ce sujet. Nous serons les protecteurs de nos propres territoires et leurs protecteurs. Nous devons penser à tout moment qu'il peut y avoir un mouvement d'infiltration en provenance de Syrie ou d'ailleurs. Nous devons donc prendre toutes nos mesures de sécurité en conséquence. Nous poursuivons notre lutte contre toutes les organisations terroristes dans la région pour nos intérêts nationaux et la sécurité de nos frontières. Nous continuerons à le faire", a-t-il poursuivi.
Le président a toutefois exprimé sa conviction que les calculs de l’organisation terroriste tomberont forcément à l’eau. "Les efforts de l'organisation terroriste PKK pour entrer sous l'égide de certains pays occidentaux, profitant de l'instabilité en Syrie, sont vains", a-t-il assuré. Le président turc a ajouté que le PYD/YPG, la branche syrienne du PKK, est condamné à être abandonné et à se retrouver seul tôt ou tard.
Il a réitéré la détermination de son gouvernement à éliminer définitivement la menace terroriste qui vise la Turquie.
Concernant les relations avec Damas, le président turc a expliqué qu’Ankara attend que le régime syrien comprenne les conséquences positives qu’apporterait une normalisation sincère et réaliste avec la Turquie.
Gaza et les massacres israéliens
La situation au Moyen-Orient où la guerre destructrice d’Israël contre Gaza et le Liban se poursuit de toute son intensité, a été un autre sujet longuement abordé par le dirigeant turc.
Erdogan a rappelé qu’Ankara s’efforce de mettre fin aux massacres en faisant appel à la solidarité de la communauté internationale.
Dans ce sens, il a annoncé le lancement d’une initiative turque à l’ONU pour mettre en place un embargo à la vente et la livraison d’armes à Israël.
"Nous avons entrepris une initiative auprès de l'ONU pour que celle-ci soit une partie de la solution et pour imposer un embargo aux ventes d'armes à Israël. J'espère qu'en tant qu'"Alliance de l'humanité", nous ferons aboutir cette initiative et ouvrirons la voie à une paix durable", a-t-il indiqué.
"Les pays occidentaux se sentent redevables envers Israël"
Erdogan a par ailleurs estimé que certains pays occidentaux de se sentir redevables envers Israël.
"Si nous excluons certains pays comme l'Italie et l'Espagne, nous constatons que l'Occident garde le silence sur le génocide commis par Israël à Gaza et le massacre au Liban. Nous sommes déterminés à poursuivre notre solidarité avec des pays comme l'Espagne, l'Irlande, la Norvège et la Slovénie dans ce processus", a-t-il déclaré, soulignant qu'ils gagneront en force s'ils prennent des mesures ensemble.
"L'Allemagne se considère comme responsable vis-à-vis d'Israël en raison de ce qui s'est passé à l'époque nazie. L'attitude de certains pays occidentaux est la même. Comme ils ont gardé le silence sur ce que l'administration nazie a fait contre les Juifs d'Europe à l'époque, ils restent silencieux et ne réagissent pas au génocide d'Israël comme s'il s'agissait d'une manière de s'acquitter d'une dette. En d'autres termes, d'une certaine manière, l'Occident tente de régler la dette par la dette. Mais aujourd'hui, ils sont endettés à l'égard des Palestiniens, laissant un passé honteux à leurs petits-enfants en protégeant Israël, qui est devenu le nazi de notre époque. Nous attendons des membres des BRICS qu'ils soutiennent davantage la juste cause de la Palestine et du Liban, qui est la cible d'Israël, et qu'ils disent "stop" à l'agression israélienne d'une voix forte." a-t-il continué.
Les relations avec les BRICS
Le président Erdogan a également commenté l’évolution des relations avec les BRICS soulignant que les BRICS sont une grande plateforme où les économies émergentes se regroupent.
"En Turquie, nous voulons améliorer nos relations avec les BRICS. Nous avons déjà des relations bilatérales et une coopération de longue date avec les pays membres des BRICS. Les BRICS et d'autres plateformes et organisations internationales sont des éléments qui nous renforcent économiquement. Nous ne pouvons pas les ignorer non plus." a-t-il affirmé.
"La Turquie est à la fois un pays oriental et occidental. Il est dans l'intérêt des pays des BRICS et de notre pays que la Turquie poursuive sa coopération avec les BRICS, qu'elle augmente le nombre de ses partenariats économiques et qu'elle maintienne cette solidarité dans le cadre du respect mutuel, sur une base "gagnant-gagnant". Les réunions bilatérales que nous avons tenues, en particulier avec M. Poutine en tant que président du Conseil, l'ont d'ailleurs clairement démontré" a-t-il poursuivi.
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La guerre Russie-Ukraine
Concernant le conflit qui oppose Moscou à Kiev, le Chef de l’État turc a indiqué que son homologue russe attend de la Turquie un soutien pour l’échange de prisonniers.
"Lors de notre entretien avec M. Poutine, nous avons constaté ses attentes en faveur d'un échange de prisonniers, nous allons suivre de plus près ces processus", a-t-il dit.
Par ailleurs, Erdogan a annoncé que le président chinois, Xi Jinping, se rendra prochainement en Turquie.
Pour conclure, le président turc a indiqué que le Chancelier allemand, Olaf Scholz, est favorable à progresser sur la vente de chasseurs Eurofighter à la Turquie.