Les 9,7 millions d'inscrits ont commencé à voter à 8H00 (7H00 GMT) pour choisir leur président pour les cinq années à venir, dans plus de 5.000 centres qui fermeront à 18H00 locales, selon l'autorité électorale Isie.
Le scrutin suscite peu d'enthousiasme auprès d'une population plus préoccupée par ses difficultés économiques que par "la dérive autoritaire" dénoncée par la société civile.
Dans le berceau des soulèvements démocratiques du Printemps arabe de 2011, seuls deux candidats --considérés par des analystes comme des seconds couteaux-- ont été autorisés à affronter M. Saied, 66 ans, sur initialement 17 postulants, écartés par l'Isie pour des irrégularités présumées.
Le premier est un ex-député de la gauche panarabe, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, et le deuxième, Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans, inconnu du grand public mais emprisonné dès confirmation de sa candidature, début septembre.
En moins d'un mois, cet ancien député, soutenu par des forces de gauche et des personnalités de l'ancienne majorité parlementaire, a été condamné à 14 ans et deux mois de prison sur la base de soupçons de faux parrainages, dans trois procédures séparées. Son équipe a appelé les citoyens à "se rendre aux urnes en masse", exhortant l'Isie à "ne pas manipuler le vote des Tunisiens".
Porteur d'un projet de gauche souverainiste similaire à M. Saied qu'il soutenait jusqu'à récemment, M. Maghzaoui a dénoncé avant le scrutin "un bilan égal à zéro" du pouvoir sortant, appelant aussi à une mobilisation des électeurs.
Scrutin "verrouillé"
La sélection même des candidats a été contestée pour le nombre élevé de parrainages exigé, l'emprisonnement de candidats potentiels connus, et l'éviction par l'Isie des rivaux les plus solides du président.
M. Saïed, élu en 2019 à près de 73% des voix (et 58% de participation), était encore populaire quand ce spécialiste de droit Constitutionnel à l'image d'incorruptible s'était emparé des pleins pouvoirs à l'été 2021, promettant l'ordre après des années d'instabilité politique.
Trois ans plus tard, beaucoup de Tunisiens lui reprochent d'avoir surtout consacré son énergie à régler ses comptes avec ses opposants, en particulier le parti Ennahdha, dominant sur la décennie de démocratie ayant suivi le renversement de Ben Ali en 2011.
Une "dérive autoritaire" du pouvoir est dénoncée depuis 2021 par les ONG tunisiennes et étrangères et l'opposition, dont les figures de proue comme le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, et à l'autre bout de l'échiquier, Abir Moussi, “passionnaria” nostalgique de l'ère Ben Ali, sont en prison.
Tous fustigent le démantèlement des contre-pouvoirs instaurés en 2011 et l'étouffement de la société civile avec l'arrestation de syndicalistes, militants, avocats et chroniqueurs politiques.
Selon Human Rights Watch, "plus de 170 personnes sont actuellement détenues pour des motifs politiques ou pour avoir exercé leurs droits fondamentaux".
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