Dans l'académie de Toulouse (sud-ouest), des policiers ont demandé aux chefs d'établissements scolaires, par mail, de leur indiquer le nombre d'élèves absents des élèves le 21 avril 2023, le jour de l'Aïd al-Fitr, qui célébrait la fin de ce mois de Ramadan.
La Grande Mosquée de Paris a demandé des “éclaircissements” sur les “circonstances” de la demande des policiers.
“Ces faits préoccupants amènent la Grande Mosquée de Paris à demander instamment aux pouvoirs publics les éclaircissements les plus complets sur cette situation anormale, d’autant que les réponses apportées par Madame la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté paraissent insuffisantes” a-t-elle déclaré dans un communiqué.
“Cette demande d’évaluation porte atteinte à la liberté religieuse et jette encore une fois l’opprobre sur les musulmans de France” ajoute le communiqué.
La Grande Mosquée de Paris a appelé “les pouvoirs publics à la plus grande vigilance sur le respect de la laïcité, dans toutes ses dimensions, et au discernement le plus clair entre les pratiques religieuses musulmanes et les comportements extrémistes”.
Des responsables associatifs, syndicaux ou politiques se sont également inquiétés de cette initiative policière, certains comme l'ancien député socialiste Jean-Christophe Cambadelis évoquant "un fichage dans l'ensemble de la ville".
La demande des policiers est "particulièrement choquante en ce qu'elle associe la pratique religieuse musulmane à une question de sécurité", a réagi l'association SOS Racisme.
"Pour quelles autres fêtes religieuses le ministère de l'Intérieur a-t-il demandé une évaluation du taux d'absentéisme aux chefs d'établissement", s'est-elle interrogée.
L'Union des Mosquées de France a pour sa part demandé une "enquête en bonne et due forme". "Les familles doivent être dûment informées et rassurées du devenir des informations données par certains chefs d'établissements ayant, malheureusement, répondu à la sollicitation des policiers", a-t-elle souligné.
Le gouvernement français nie, par la voie de la ministre déléguée à la Citoyenneté, Sonia Backès, avoir procédé au fichage d’élèves musulmans.
Rejetant l’idée d’un "fichage des élèves en fonction de leur appartenance religieuse", Sonia Backès assure que ce qu’elle qualifie de "suivi" concerne "toutes les fêtes religieuses", y compris lorsqu’il s’agit des "grandes messes catholiques" ou des célébrations "de la fête des lumières" pour la communauté juive.
"Le ministère de l'Intérieur et des Outre-mer étudie régulièrement l'impact de certaines fêtes religieuses sur le fonctionnement des services publics, et notamment au sein de la sphère scolaire", s’est-t-elle défendu dans un communiqué.
"C'est dans ce cadre qu'une évaluation du taux d'absentéisme constaté à l'occasion de la fête de l'Aïd al-Fitr, le 21 avril dernier, a pu être demandée, dans certaines académies, aux chefs d'établissement", a-t-ell ajouté.
"Aucune donnée nominative a été ni demandée ni recensée à aucun moment", a précisé Mme Backès qui affirme que l'initiative ne relevait pas d'une volonté de "fichage" des élèves en fonction de leur confession.