Bien préparés, le costume bien taillé, le sourire mi-hautain, mi-séducteur, les deux hommes se sont affrontés sur différents sujets. Jordan Bardella, en tête des sondages depuis le début de la campagne, n'a pas brillé par sa maîtrise des dossiers européens, il a ramené le débat à la politique française dès qu’il le pouvait. Ainsi quand on parle du “Pacte vert”, ce paquet de mesures écologiques qui doit faire de l’Europe un espace quasi neutre en émission de carbone à l’horizon 2050, Jordan Bardella ne parle que de pouvoir d’achat des Français et d’écologie punitive. Gabriel Attal lui énumère les exemples, les chiffres, les faits. C’est un homme qui connaît ses dossiers, et a plus d’expérience politique que le jeune président de parti Bardella.
L’immigration, le sujet numéro 1 pour ces élections
Les esprits se sont tout de même échauffés au sujet de la migration. Selon un sondage Ipsos réalisé pour France 2 pour ce débat, les électeurs estiment que c’est le sujet numéro 1 en Europe.
390 000 arrivées irrégulières dans l’Union en 2023 selon l’agence Frontex, c’est finalement peu au regard des 450 millions d’habitants de l’espace européen.
Malgré cela, Jordan Bardella estime qu’on atteint des records d’immigration illégale. “Le 9 juin, c’est un vote pour ou contre l’immigration massive.” a-t-il lancé.
Lire aussi: Élections européennes: à droite toute !
Sa solution, externaliser les demandes d’asile qui devront se faire dans les consulats à l’étranger. Il prône également la double frontière, en fait l’instauration de contrôles aléatoires aux frontières à l’intérieur de l’Union européenne et une libre circulation réservée aux citoyens européens.
Deux hommes politiques populaires auprès des jeunes
Gabriel Attal, un brin narquois, lui demande alors comment il va appliquer ces mesures. “Des mesures sans queue ni tête” s’amuse le premier ministre. Le chef du gouvernement français poursuit en soulignant que la nouvelle loi migration permet de renvoyer plus facilement les illégaux qu’avant.
Parce que c’est un débat sur l’Europe tout de même, il évoque aussi le pacte Migration et asile voté par l’UE en avril dernier qui va entrer en vigueur en 2026. L’Europe va instaurer des contrôles renforcés aux frontières et va filtrer les migrants en renvoyant rapidement ceux qui ne sont pas éligibles à l’asile.
Quand il évoque les migrations économiques, le projet italien de régulariser 500 000 personnes sur plusieurs années car certains secteurs ont besoin de main d'œuvre, Jordan Bardella s’interpose, pour lui il y a un risque pour la culture et la société européenne.
“On a le sentiment, en vous écoutant, que derrière chaque étranger, chaque immigré, il y a un délinquant ou un terroriste en puissance, je trouve (ça) révoltant», a répliqué le chef du gouvernement. Il conclut que Jordan Bardella et lui ne seront jamais d’accord sur l’immigration, “et c’est plutôt rassurant”.
Deux hommes et deux versions de la France
Attal et Bardella sont les hommes politiques français les plus populaires auprès des jeunes, assure la journaliste Caroline Roux qui anime le débat. Que dîtes-vous aux électeurs de votre âge avant ces élections, demande-t-elle ?
Pour Jordan Bardella, il faut aller voter pour reprendre son destin en main.
Gabriel Attal appelle à un vote d’espoir. “Je crois qu’on peut être les champions de l’intelligence artificielle, du quantique et des batteries électriques et c’est ce qu’on propose avec Valérie Hayer.” Et d’ajouter: “Nous, ce que nous proposons c’est d’être l’Europe des lumières.”
Pour ceux qui l’auraient oublié, Valérie Hayer est la tête de liste Renaissance dans ces élections européennes. Si Gabriel Attal, le premier ministre débat ce jeudi soir et pas elle, c’est peut-être que ces élections se sont transformées en vote pour ou contre le camp Macron.
Lire aussi: Élections européennes: les pro-européens gagnants, d’après un sondage