Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a personnellement annoncé sur X (ancien Twitter) le remplissage du barrage de la renaissance situé sur le Nil.
« C'est avec grand plaisir que j’annonce que le quatrième et dernier remplissage (d’eau) du barrage de la renaissance a été réalisé avec succès », peut-on lire sur le compte X du Premier ministre éthiopien.
« Il y a eu beaucoup de défis. Nous avons souvent été poussés à faire marche arrière. Nous avons eu un défi interne et des pressions externes. Nous avons atteint ce stade en faisant face avec Dieu », a ajouté le premier ministre éthiopien.
Le ministère égyptien des Affaires étrangères a dénoncé cette opération.
« Le remplissage du barrage de la renaissance sans accord des deux autres pays en aval (Égypte et Soudan) est illégal » et « pèsera sur les négociations entre les trois pays. », s’est insurgé le ministère égyptien des Affaires étrangères.
Avec ce méga-barrage, l’Éthiopie compte doubler sa production d’électricité en la portant à 5 000 mégawatts et assurer son autosuffisance énergétique. Avec une population de 120 millions d’habitants et une économie en croissance constante, les besoins énergétiques de l’Éthiopie progressent de 30 pour cent chaque année.
Le Nil, le plus long fleuve d’Afrique avec ses 7000 kilomètres, prend naissance en Ouganda, traverse le Rwanda, le Soudan, l’Éthiopie et l’Égypte.
L’Égypte, qui en dépend à 97 pour cent du Nil pour son approvisionnement en eau, soutient que le remplissage unilatéral du barrage de la Renaissance est une menace existentielle et propose un remplissage moins rapide du barrage, étalé sur une période de 15 ans.
Pour faire prévaloir son point de vue, l’Égypte menace régulièrement d’intervenir par la force au risque de déclencher un conflit.
Le Soudan, partie prenante dans cette « affaire » se montre plus réservé, d’autant plus que l’Éthiopie a promis de lui vendre de l’électricité à des conditions favorables.
L’Égypte s’accroche à un vieux traité colonial britannique signé en 1929 qui attribue 87 pour cent du débit du Nil à l’Égypte et au Soudan, tout en ignorant l’Éthiopie.
Le même document confère à l’Égypte le droit de veto sur toute construction d’infrastructures sur le fleuve.
Ces dispositions sont rejetées par l’Éthiopie qui les jugent anachroniques et coloniales.
Pour le ministre éthiopien des Affaires étrangères, « l'Égypte tente de politiser l’affaire du barrage de la renaissance ».
« Le remplissage après la saison des pluies du barrage éthiopien ne menace absolument pas son approvisionnement en eau : son propre barrage, celui d’Assouan, est rempli à ras bord et retient bien assez d’eau » révèle Radio France dans son podcast Géopolitique.
« L'Égypte déteste l’idée qu’une nouvelle puissance soit en train de naître dans une région qu’elle contrôlait et surplombait depuis toujours. »
Les efforts de médiation menées par l’Union africaine et les États-Unis pour aplanir les divergences entre l’Égypte et l’Éthiopie sont restés vains à ce jour.