Les sites olympiques sont peu ou prou les mêmes : le village olympique a été nettoyé pour accueillir les 4400 athlètes paralympiques, les Phryges, la mascotte des Jeux, ont troqué leurs deux chaussures pour une chaussure et une prothèse. Les organisateurs sont très satisfaits de cette idée. C’est la première fois que la mascotte officielle se décline en version paralympique.
Mais alors que tout le monde se demande ce que la cérémonie d’ouverture réserve, la polémique pointe son nez. Selon APF France Handicap, 350 000 personnes handicapées ont assisté et devraient assister aux Jeux d'été 2024 et sur les réseaux sociaux, l'accessibilité des sites olympiques pour les personnes avec un handicap semble ne pas avoir être si simple.
Franck Maille de l'association APF France handicap a, par exemple, fait un test pour le journal le Dauphiné Libéré. Il a essayé de rejoindre le Champ de Mars depuis la station Nanterre Préfecture.
Pour lui, l’accessibilité, c’est l’autonomie. Or dans le RER, il faut demander de l’aide à un agent d’accueil qui demande à l’agent de votre gare de destination s'il peut vous réceptionner. “On perd énormément de temps” se plaint-il. Ensuite, et comme certaines stations de la RATP sont fermées le temps des JO pour des raisons de sécurité, Franck Maille a donc pris le bus 92 mais certains arrêts de bus sont non desservis pendant les JO. Franck Maille a terminé son parcours à pied… en fauteuil roulant jusqu’au site olympique. Son trajet a pris une heure quarante-cinq minutes. “C’était pénible”, résume le membre d’APF France Handicap.
Les Jeux pour investir sur l’accessibilité
C’est la première fois que les Jeux paralympiques sont organisés en France, et de gros efforts ont été faits pour améliorer l'accessibilité des transports et des sites parisiens. Les gares ont prévu des navettes dédiées, les bus disposent tous d’une rampe d’accès et 1 000 taxis PMR (contre 200 en 2022) sont disponibles (il y en avait 200 avant). Sur le réseau francilien (RER, Intercités, TER), quatre stations sur cinq, représentant 95 % du trafic, ont été aménagées pour les Jeux, selon Ile-de-France Mobilités.
Le gros point noir reste le métro parisien. Sur deux lignes (11 et 14), 29 stations de métro sont accessibles, mais pour le reste du réseau, aucune station ou presque ne dispose d'ascenseurs, et s'ils existent, ils ne rejoignent pas forcément les quais. Les transports étant la compétence de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse a promis de lancer le chantier après les Jeux. Un projet à 20 milliards d’euros, a-t-elle assuré.
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Le métro parisien reste inaccessible
Dans les médias, l’adjointe à la maire de Paris chargée de l’accessibilité, Lamia El Aaraje, défend son bilan. Pour elle, Paris a fait un travail énorme pour rendre ces Jeux accessibles. Elle n’hésite pas à parler de révolution culturelle en matière d’accessibilité. La Ville a travaillé avec six associations de personnes handicapées, et les investissements ont été énormes, insiste-t-elle. 22 millions d’euros pour rendre accessible 100% du réseau de bus parisien, 22 600 traverses ont été sécurisées pour les personnes atteintes de déficience visuelle grâce à un système de boîtiers sonores.
Les associations d’usagers, elles, pointent du doigt les trottoirs trop étroits, les ruptures d‘accessibilité en cours de parcours et l’obligation de réserver pour l’accès au RER. Enfin, si 91% des établissements recevant du public sont accessibles à Paris, dans le reste de la France, ce chiffre tombe en dessous des 50%, selon le cabinet de la ministre déléguée aux personnes handicapées.