On dénombre 5,1 millions de pauvres dans l’Hexagone, en fixant le seuil de pauvreté monétaire à 50 % du revenu médian, soit 1 014 euros net par mois pour une personne seule.
L’institut national de la statistique et des études économiques situe le seuil à 60 % du niveau de vie médian, soit 1 216 euros, ce qui le conduit à recenser 9,1 millions de pauvres.
Ce qui inquiète les auteurs de l’étude c’est l’augmentation du taux de pauvreté (le nombre de pauvres par rapport à la population globale), qui est passé de 6,6% dans les années 2000 à 8,1% aujourd’hui.
“C’est une montée lente de la pauvreté”, poursuit le directeur de l’Observatoire des inégalités. Mais elle est d’autant plus mal vécue que le président français Emmanuel Macron avait tenu un discours très fort, en 2018, visant à éradiquer la grande pauvreté.”
Une montée lente de la pauvreté
Le rapport indique également que les immigrés sont plus touchés par la pauvreté que le reste de la population. Le "taux de pauvreté atteint 18,8% et même 23,6% pour les Maghrébins : un taux trois fois supérieur à celui des personnes nées en France". Les immigrés, selon les auteurs, "cumulent les difficultés des personnes peu qualifiées, des discriminations à l'embauche et l'interdiction faite aux étrangers non européens d'exercer un grand nombre d'emplois en France".
La France qui se targue d’un modèle social performant avec un filet de protection via de nombreuses aides sociales n’empêche pas la pauvreté de progresser. Pour les auteurs de ce rapport, le quotidien de la pauvreté consiste à ne pas pouvoir se chauffer correctement, ne pas partir en vacances ou, encore, ne pas pouvoir faire face à une dépense imprévue de 1 000 euros.
La pauvreté se concentre dans les grandes villes et les auteurs dénoncent l’absence de données statistiques sur le mal logement, les bidonvilles, la pauvreté en Outre mer que l’Insee se contente d’estimer.
Pourquoi la pauvreté augmente?
Le mal emploi, les salariés pauvres, l’apparition de ce nouveau vocabulaire illustre une nouvelle réalité, la dégradation des conditions de travail. Même avec un emploi, certaines personnes ne peuvent faire face au quotidien. "1,1 million de travailleurs ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, une proportion qui reste assez stable depuis 20 ans, autour de 4% des personnes en emploi".
Les auteurs pointent du doigt la politique économique de la France: “on a fait baisser le chômage à coups de flexibilité, de précarité et d’emplois sous-payés.” Ils ajoutent plus loin que “Les politiques de restriction des régularisations des préfectures ont pour effet l’augmentation du nombre de familles sans droits ni abri.”
L’Observatoire termine sur une note un peu plus positive. “la France et l'Allemagne (avec son taux de pauvreté de 8,5 %)" font "mieux que leurs voisins, l'Italie (13 %) et l'Espagne (13,7 %)".