L’idée d'un couvre-feu est celle de Gérald Darmanin qui l’a instaurée depuis lundi 22 avril pour un mois renouvelable à Pointe-à-Pitre et dans la ville des Abymes en Guadeloupe.
Ce qui est nouveau, c’est que lors d’une interview sur France 3, le ministre de l’Intérieur s’est dit favorable à une extension de cette mesure à d’autres villes en métropole. Il soutiendra les villes et les préfets qui l’instaureront a t-il dit.
En Guadeloupe, la ville de Pointe-à-Pitre fait face à une délinquance de mineurs importante. Selon le préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, 40% des délits commis par des mineurs le sont entre 20h et 22h. Le couvre feu concerne tous les mineurs de moins de 18 ans non accompagnés et un bilan sera tiré dans un mois. Le maire de la commune de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel affirme qu’il y a six fois plus d’homicides et 20 fois plus de vols à main armée dans sa ville par rapport à la moyenne nationale. Et selon l’édile, 38% de ces crimes et délits sont commis par des mineurs.
Du coup, l’idée a traversé l’Atlantique pour séduire Robert Ménard, le maire de Béziers. Il l’a instauré dans trois quartiers du 22 avril au 30 septembre de 23h à 6h pour les mineurs de moins de 13 ans. Son motif principal, des jeunes mineurs ont participé aux émeutes de juillet 2023 dans sa ville.
Christian Estrosi, le maire de Nice s’est dit cette semaine sur BFM intéressé par l’expérience. Il préparerait un couvre-feu pour mineurs sur sa ville.
Les maires de communes en France au titre de leurs pouvoirs de police générale peuvent prendre un arrêté de couvre-feu si des circonstances locales particulières justifient cette mesure, dit la loi. L’arrêté municipal doit indiquer les raisons de cette décision et la durée dans le temps de ce couvre-feu.
Mais les statistiques du ministère de l’Intérieur ne disent pas la même chose que Robert Ménard. Selon des données publiées fin janvier (Première photographie de la délinquance et de l’insécurité), les moins de 13 ans ont représenté 2 % des mis en cause dans les atteintes aux personnes (contre 36 % pour les 30 à 44 ans) et 1 % des mis en cause pour vols violents (contre 44 % pour les 18 à 29 ans).
Les statistiques ne reflètent pas la réalité selon Robert Ménard, les infractions des enfants de moins de 13 ans ne donnant souvent pas lieu à des poursuites.
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En Guadeloupe, les élus ont plutôt bien accueilli l’instauration d’un couvre-feu. Le collectif Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) a par contre déposé un référé devant le tribunal administratif. On attend la décision du tribunal.
Il estime que cette mesure va à l'encontre de la liberté de circuler. Un choix répressif qui ne va pas changer les manques en matière de scolarité, ou en matière d’encadrement, dénonce dans un communiqué LKP dont le président de LKP est Elie Domota. Il s’est fait connaître comme porte-parole de la grève générale de 2009.