A Homs hier, les premiers diplômés des nouvelles forces de sécurité formées par les nouvelles autorités / Photo: AFP (AFP)

La conférence de Paris, troisième du genre après des réunions en Jordanie et en Arabie saoudite depuis le renversement d'Al Assad le 8 décembre dernier, démontre l'attention de la communauté internationale, qui surveille la nouvelle administration et veut encourager la transition.

À Paris, les pays arabes de la région, la Turquie, mais aussi le G7 et plusieurs pays européens ont envoyé des ministres. Les États-Unis, qui n'ont pas encore annoncé de stratégie pour la Syrie, participeront en observateurs. Israël sera absent.

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La conférence, qui sera clôturée par le président français Emmanuel Macron, veut dresser un "cordon sanitaire" pour protéger la transition syrienne d'ingérences étrangères, coordonner l'aide et faire passer des messages aux nouvelles autorités syriennes, résument plusieurs sources diplomatiques. Elle vise aussi à soutenir la justice transitionnelle et la lutte contre l'impunité.

Damas veut la levée des sanctions

La France souhaite revenir dans le jeu syrien. Elle va rouvrir prochainement son ambassade à Damas et devrait accueillir le président du gouvernement de transition Ahmad al-Charaa "dans les semaines à venir", a rappelé la présidence française.

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"Pour le moment M. Al Charaa n'a pas commis d'erreur, mais ça reste fragile et il y a des interrogations pour la suite", estime l'ancien ambassadeur français en Syrie Michel Duclos, interrogé par l'AFP.

La conférence ne devrait pas donner lieu à des annonces, alors qu'un officiel syrien a indiqué attendre "la levée des sanctions", "pour pouvoir ensuite passer à la phase de reconstruction".

Cette levée des sanctions est en cours d'examen à Bruxelles. On n'attend donc pas une annonce en ce sens lors du rendez-vous de Paris. La levée des sanctions bancaires et des obstacles aux transferts de fonds dépend, elle, de Washington.

Une Syrie très fragile

Cette rencontre se tient alors que Damas a annoncé, mercredi, que la Syrie se dotera, le 1er mars, d'un gouvernement reflétant "la diversité" du peuple syrien.

La Syrie est un pays à terre économiquement, dévasté par 14 années de guerre ayant fait plus de 500.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés internes.

"Sans appui financier substantiel, la transition ne peut pas fonctionner", souligne une source diplomatique européenne, qui doute que dans le contexte mondial actuel se dessine un "plan Marshall" pour la Syrie. Pour rappel, la reconstruction a été estimée à plus de 400 milliards de dollars par l'ONU.

Bailleurs multilatéraux et agences internationales se réuniront ce jeudi matin pour élaborer une "stratégie de coordination de l'aide internationale", jusqu'ici fragmentée, indique l'Elysée, qui insiste sur l'«importance de la mobilisation américaine» au moment où le gel de l'aide par Washington a des répercussions dramatiques.

Le président Al Charaa, qui a dissous l'armée d'Al Assad et décrété l'intégration des groupes armés dans une future armée nationale, a annoncé en début de semaine que "des milliers" de personnes rejoignaient la "nouvelle armée syrienne".

Cependant, le pays de 23 millions d'habitants reste morcelé, souligne une source diplomatique, rappelant que le pouvoir de M. Al Charaa ne dispose que de quelque 30.000 hommes.

Agences