Le remarquable sang-froid du tireur turc lors de l'épreuve du pistolet à 10 mètres par équipe mixte aux Jeux olympiques. / Photo: TRT World (TRT World)

Yusuf Dikeç, le tireur turc qui s'est fait connaître par sa pose emblématique d'une main dans la poche lors des Jeux olympiques de Paris 2024, a de nouveau mené son pays à la victoire, cette fois en aidant l'équipe à remporter une médaille d'or lors de la Ligue des champions européenne en Serbie.

Les athlètes turcs ont remporté la médaille d'or en battant la Serbie, pays hôte, sur le score de 3-1 ce week-end. Dikeç et son coéquipier Simal Yilmaz ont obtenu la victoire lors d'une séance décisive de tirs.

Dikeç est devenu célèbre après avoir été photographié lors des Jeux olympiques de Paris dans une posture de visée des plus décontractées. Son calme et son aisance sont depuis entrés dans la légende et ont inspiré de nombreux mèmes. TRT World l'a rencontré avant la compétition en Serbie pour une interview. Bien qu'il respire la confiance, son parcours a été long.

"Je dis toujours que ce n'est pas seulement une question de talent. Le talent ne signifie rien sans la discipline et le travail. Si vos objectifs sont grands, les sacrifices doivent être à la hauteur", explique M. Dikeç. "Notre objectif est de participer aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, si Dieu le veu., Nous avons commencé à travailler. Nous gagnerons la médaille d'or”, poursuit-il.

Le remarquable sang-froid du tireur turc lors de l'épreuve du pistolet à 10 mètres en équipe mixte aux Jeux olympiques, où il a remporté une médaille d'argent aux côtés de sa coéquipière Sevval İlayda Tarhan, a transcendé les frontières du sport et a trouvé un écho sur la scène mondiale.

Tarhan a également accompagné Dikeç en Serbie.

Un long chemin vers la victoire

Né et élevé dans la province méridionale de Kahramanmaraş en 1973, Yusuf Dikeç se décrit lui-même comme un "Anatolien élevé dans une famille paisible". Dès son plus jeune âge, le sport est sa vocation, notamment l'entraînement. Diplômé du département d'éducation physique et d'entraînement sportif de l'université de Gazi, il a ensuite obtenu une maîtrise en entraînement à l'université de Konya-Selçuk.

Le tir, lui, est une passion qui a pris racine dès l’enfance, pendant ses années de primaire et de secondaire à l'école de la gendarmerie militaire. "J'avais un talent naturel, mais je me suis rendu compte que le talent seul ne suffisait pas pour exceller dans le tir”, explique-t-il.

Si le tir avec des lunettes de protection peut sembler peu exigeant physiquement, Dikeç insiste sur la discipline et les sacrifices que cela implique. "Vous façonnez votre vie autour du sport pour atteindre ces objectifs. Il devient le centre de votre vie. Les activités sociales sont limitées, et vous manquez des moments en famille ou des vacances. Mais si vous voulez gagner, vous devez faire des efforts".

Bien que Dikec soit depuis longtemps une figure respectée au sein de la communauté des tireurs, c'est son nouveau statut d'icône du sang-froid qui l'a propulsé vers la célébrité mondiale aux Jeux olympiques de Paris.

Sa coéquipière, Tarhan, a elle aussi, incarné cet esprit en arborant des bouchons d'oreille surdimensionnés et es tresses aux rajoutsrouges et blancs, en hommage au drapeau turc. Ensemble, ils ont créé un moment mémorable, qui dépasse la simple médaille, mais qui constitue un geste partagé qui a uni les athlètes, les fans et les spectateurs dans l'appréciation de la simplicité et du calme sous pression.

L'histoire de Dikeç est une histoire de persévérance plutôt que d'un triomphe immédiat, et il a un message pour les jeunes en quête de raccourcis dans la vie. "J'ai 51 ans et j'ai gagné une médaille à mes cinquièmes Jeux olympiques, pas aux premiers, aux deuxièmes, ni aux troisièmes. C'est une question d'effort et de travail.”

Une marque vivante

Le parcours de Dikeç ne s'est pas arrêté au podium. Dans les mois qui ont suivi les Jeux olympiques, sa célèbre photo "main dans la poche" est non seulement devenue l'emblème du calme sous pression, mais elle a également pris une dimension propre, poussant Dikeç à entrer dans le monde de la propriété intellectuelle et de l'image de marque culturelle.

Après son triomphe olympique, le tireur de 51 ans a veillé à ce que son héritage iraite au-delà d'un simple moment viral. Conscient de l'impact mondial de sa pose emblématique - la main glissée dans sa poche alors qu'il visait calmement - il a déposé une demande auprès de l'Office turc des brevets et des marques pour en obtenir les droits.

"Je ne m'attendais pas à ce que le phénomène prenne de l'ampleur aussi rapidement", confie M. Dikec. "Mais peu après la compétition, mon avocat m'a appelé, et nous avons entamé les démarches. En fait, sept ou huit personnes avaient déposé une demande de marque pour ma pose. Aucune d'entre elles n'était moi ! J'ai donc décidé qu'il valait mieux que je pose moi-même."

La frénésie du merchandising

Le 6 août 2024, les derniers instants de l'épreuve de tir par équipe mixte à Paris captivent les téléspectateurs. Avec une main nonchalamment glissée dans sa poche et une attitude calme, Dikeç devient l’incarnation même de l'équilibre sous pression. Son geste, désormais surnommé la "pose Yusuf Dikeç", se répand rapidement sur les réseaux sociaux, les célébrités et les fans reproduisant cette pose dans des messages viraux.

Des athlètes de divers sports, tels que le perchiste suédois Armand Duplantis, la perchiste australienne Nina Kennedy et le lanceur de disque jamaïcain Roje Stona, ont eux aussi pris la "pose Dikeç", consolidant ainsi sa place dans la culture sportive. Même des footballeurs comme İrfan Can Kahveci (Fenerbahçe) et Cyriel Dessers (Rangers FC), ont repris la pose lors de matchs de la Ligue des champions de l'UEFA.

Les mèmes ont inondé l'internet, intégrant Dikeç avec humour dans des scènes célèbres de la culture pop, notamment celles du film Pulp Fiction, où il apparaît nonchalamment entre John Travolta et Samuel L. Jackson.Au-delà du monde virtuel, la pose a déclenché une frénésie de produits dérivés : l'image de Dikeç orne désormais des T-shirts, des tasses et des étuis de téléphones.

Le marché turc, où la culture du sport et du fitness connaît un essor, a rapidement adopté ces produits, témoignant det la fierté nationale pour l'exploit de Dikeç et son ascension vers la célébrité mondiale.

Serdar Ozturk, consultant principal en marques, commente la portée culturelle de cette pose. “La pose emblématique de Michael Jordan, Air Jordan, symbolise quelque chose de surhumain, un incroyable exploit athlétique. Mais la pose de Yusuf Dikeç est différente : elle est humaine et accessible. C'est pourquoi elle a une résonance si profonde."

C'est cette authenticité qui a fait de Dikeç un personnage adoré, non seulement en Turquie, mais dans le monde entier. Mais le succès et la célébrité ont-ils modifié sa vision des choses ?

"Pas vraiment. Si j'étais plus jeune, je me sentirais peut-être différent. Mais à mon âge, la seule chose qui a changé, c'est que j'ai maintenant une médaille. Je vais toujours au centre de préparation olympique turc, je mange dans la même cafétéria, je m'assois avec les mêmes amis et je bois le même thé, confie Dikeç.

"La vraie réussite, c'est de gagner le cœur des gens"

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