Les cérémonies marquant ce tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale, qui ont débuté au mémorial de Ver-sur-Mer (Calvados), sont empreintes d'une gravité nouvelle à l'heure où la guerre fait rage en Ukraine, aux portes de l'Union européenne.
Cet anniversaire intervient à une année marquée par d'importantes élections, au sein de l'Union européenne cette semaine et aux Etats-Unis en novembre. Face aux scénarios d'une poussée de l'extrême droite au Parlement européen et d'une possible victoire de Donald Trump, le souvenir du conflit de 1939-45 est convoqué pour mettre en garde contre les dangers de l'extrémisme et de l'isolationnisme.
Le roi Charles III d'Angleterre, arrivé à 10h30 (08h30 GMT) avec la reine consort Camilla au mémorial de Ver-sur-Mer, s'est exprimé en français et en anglais lors de la cérémonie en hommage aux soldats britanniques, appelant à honorer les soldats qui ont participé au Débarquement de juin 1944.
"C'est avec une gratitude très profonde que nous nous souvenons d'eux", a-t-il déclaré lors de son discours. "Nous avons eu de la chance, et le monde libre aussi, qu'il y ait eu une génération qui soit restée droit dans ses bottes, qui était à la hauteur de ces défis", a-t-il ajouté.
Le président français Emmanuel Macron, qui s'exprimait en anglais, a remercié les soldats britanniques, "nos frères d'armes".
"La France n’oubliera jamais les troupes britanniques qui ont débarqué le jour du Débarquement. Elle n’oubliera pas ces troupes guidées par un sens du devoir et une dévotion comme aucune autre", a souligné le chef de l'Etat.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, le Prince Williams et le Premier ministre français Gabriel Attal ont eux assisté à Juno Beach à la cérémonie dédiée aux soldats canadiens qui ont débarqué sur cette plage normande en juin 1944.
Bulletin de vote
Les dirigeants devaient ensuite rendre hommage aux soldats américains tombés il y a 80 ans, lors d'une autre cérémonie au cimetière américain de Colleville-sur-Mer.
"La démocratie est littéralement sur le bulletin de vote cette année", a déclaré le président américain Joe Biden avant de partir pour la France - où il est arrivé mercredi matin, rappelant que les sacrifices consentis lors du "D-Day" ne devaient pas être vains.
Quelque 200 vétérans, américains et britanniques pour la plupart, participent aux cérémonies organisées dans les cimetières, devant les monuments et sur des plages qui portent encore les stigmates des combats du "Jour le plus long" qui vit mourir des milliers de soldats alliés.
L'Américain Bob Gibson, 101 ans, qui fit partie de la deuxième vague de soldats à débarquer sur la plage normande rebaptisée "Utah Beach", est arrivé lundi en Normandie.
"C'est comme si c'était arrivé hier. Vous ne croiriez pas ce que j'ai vu. Terrible. Certains jeunes n'ont jamais atteint la grande plage (...) Parfois, cela vous réveille la nuit", a-t-il déclaré à Reuters sur le tarmac de l'aéroport de Deauville peu après l'atterrissage du vol spécial en provenance d'Atlanta.
La Russie pas invitée
La Russie, qui a lancé une offensive contre l'Ukraine en 2022, déclenchant le plus grand conflit armé d'Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, n'a pas été invitée.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé à la mi-journée à l'aéroport de Caen pour assister aux cérémonies. Il s'agit de sa quatrième visite en France depuis le début de la guerre en Ukraine.
Il y a dix ans, le président russe Vladimir Poutine avait participé aux cérémonies du 70e anniversaire en Normandie.
Avec les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Ukraine, le maître du Kremlin avait lancé le désormais obsolète "Format Normandie", groupe de contact visant à résoudre le conflit russo-ukrainien qui se concentrait alors sur les régions du Donbass et de Crimée.
Dix ans plus tard, il n'y a plus de rencontres diplomatiques de haut niveau entre ces quatre pays.