Chaos au Stade de France : le préfet de police de Paris reconnaît un échec (AP)

Le préfet de police de Paris a reconnu jeudi devant le Sénat que la gestion du maintien de l'ordre autour de la finale de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool le 28 mai était "à l'évidence un échec".

"C'est à l'évidence un échec", a déclaré Didier Lallement, mentionnant les personnes "bousculées ou agressées" et "l'image ébranlée" de la France. "C'est une blessure pour moi", a-t-il ajouté.

Le préfet de police de Paris et des dirigeants du football français sont auditionnés au Sénat sur l'organisation calamiteuse et les incidents de la finale de la Ligue des champions Real Madrid-Liverpool le 28 mai, après un timide mea culpa récemment esquissé par le ministre français de l'Intérieur.

Lallement est auditionné devant la commission de la culture et des lois du Sénat, puis suivront plusieurs responsables de la Fédération Française de Football, et le maire de Liverpool, Steve Rotheram, sera également auditionné - Il était lui-même présent au Stade de France et a été victime de pickpockets -.

Ils seront questionnés sur les scènes de chaos et les incidents ayant éclaté en marge de cette rencontre remportée par le Real Madrid contre Liverpool (1-0).

Spectateurs sans billets qui escaladent les grilles, supporters et familles aspergés de gaz lacrymogènes, d'autres victimes de vols ou d'agressions: le dispositif de maintien de l'ordre lors du match le plus important de la saison en Europe fait depuis l'objet d'une vive polémique en France et en Angleterre.

L'audition du préfet et des responsables intervient après celle, le 1er juin, des ministres français des Sports Amélie Oudéa-Castéra et de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Ce dernier qui incrimine depuis le début de la controverse les supporters britanniques, estimant qu'ils sont en grande partie responsables des incidents, avait, devant les sénateurs, présenté ses excuses aux supporters de Liverpool pour "les grands dégâts, notamment sur des enfants" causés par les gaz lacrymogènes.

Mais il avait dans le même temps maintenu sa version, très critiquée, sur le nombre de faux billets, en réaffirmant que "35.000" supporters munis de billets falsifiés ou sans billet s'étaient présentés au Stade de France.

"Plusieurs billets ont été dupliqués des centaines de fois", avait-il aussi déclaré. Selon les derniers chiffres communiqués, la FFF et l'UEFA ont pour l'heure évalué à "2.800" le nombre "de faux billets scannés".

Plaintes en Angleterre

Gérald Darmanin avait assuré avoir "demandé des sanctions" au préfet de police pour deux membres des forces de l'ordre, coupables selon lui d'une utilisation du gaz lacrymogène "contraire aux règles d'emploi".

Les deux enquêtes administratives qui permettront de décider de ces sanctions sont "en cours", a indiqué mercredi à l'AFP l'entourage du ministre.

Deux signalements avaient été adressés à l'IGPN, la "police des polices" française, avait également indiqué le ministre, sans plus de précisions.

Les supporters britanniques victimes d'infractions peuvent de leur côté déposer plainte auprès de la justice française via un formulaire dédié disponible depuis lundi sur le site de l'ambassade de France au Royaume-Uni.

Ce formulaire doit ensuite être envoyé par voie postale au procureur de la République de Bobigny (région parisienne), dont dépend le Stade de France.

Les autorités françaises n'ont pour l'instant pas communiqué de chiffres sur le nombre de signalements reçus via ce formulaire.

Le club de Liverpool avait demandé à ses supporters présents sur place de partager leur expérience de la rencontre, recueillant très rapidement des milliers de réponses sur sa plateforme de collecte des témoignages.

Le Real Madrid a de son côté demandé le 3 juin des "réponses" sur le traitement infligé à ses supporters durant la finale et appelé à "déterminer qui sont les responsables" des scènes chaotiques du Stade de France.

AFP