Sur la place de la Nation dans le centre-ville de la capitale, des milliers de manifestants avaient brandi des drapeaux burkinabè et russes et des pancartes avec des messages hostiles à la France.
"Vive la transition, vive le capitaine Traoré", "La France dégage", "Arrêtez les complices de la France", pouvait-on lire sur les pancartes.
"Nous sommes sortis ce matin pour faire comprendre au capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement que nous sommes prêts pour cette transition. Nous demandons aux autorités de tenir bon et de ne pas céder aux pressions extérieures", a déclaré à Anadolu, Étienne Ilboudo, un des manifestants venus en masse pour soutenir le capitaine Ibrahim Traoré.
"Je pense que les autorités doivent prendre leurs distances avec la France et chercher des partenaires capables de les accompagner dans la lutte contre le terrorisme", a affirmé un autre jeune protestataire.
Ces meetings sont organisés par une coalition d'organisations de la société civile en soutien aux Forces de défense et de sécurité (FDS), aux Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et aux grandes décisions des autorités de la transition, selon les organisateurs.
A Ouahigouya, ville située dans le nord du pays, plusieurs centaines de manifestants étaient également dans les rues pour soutenir les autorités de la transition, selon des témoins joints au téléphone par Anadolu.
"Des centaines de manifestants sont sortis depuis ce matin ici à Ouahigouya pour soutenir la transition et dire non à la France", a affirmé au téléphone Yacouba Ouédraogo un manifestant de cette ville.
Le 20 janvier courant, plusieurs centaines de manifestants étaient descendus dans les rues de Ouagadougou pour exiger le départ de l'ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade et le démantèlement de la force militaire française "Sabre" (le contingent des forces spéciales françaises, ndlr) basée dans la périphérie nord de la capitale burkinabè.
Face à la pression de Ouagadougou, la France a rappelé son ambassadeur au Burkina Faso "pour mener des consultations sur la situation actuelle et sur les perspectives de la situation bilatérale".
Paris a également indiqué que conformément à la demande des autorités burkinabè, la force française qui est stationnée à la périphérie nord de Ouagadougou, va quitter le territoire burkinabè dans un délai d’un mois.
Ce sont 400 militaires français qui sont donc amenés à quitter le Burkina Faso dans les prochaines semaines.
À noter que depuis le coup d’État du 30 septembre 2022, le deuxième en huit mois au Burkina Faso, les relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou, déjà affectées par la montée d’un sentiment anti-français en Afrique, n’ont cessé de se dégrader.
Le dernier incident en date remonte au 20 décembre dernier lorsque les autorités burkinabè ont officiellement demandé le remplacement de l'ambassadeur, Luc Hallade, pour des manquements, requête que Paris a rejetée.
Les emprises diplomatiques françaises ont notamment été prises pour cible par des manifestants hostiles à la France après le coup d’État tandis qu’en décembre dernier, le gouvernement burkinabé a décidé, la suspension jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI), accusant le média de "manquements".