Burkina Faso: le calme revient dans le pays au lendemain de la démission de Damiba (Reuters)

Le calme régnait, lundi matin, à Ouagadougou et à l’intérieur du pays, après trois jours d’une crise politico-militaire, née d'un coup d’Etat menée vendredi dernier, et qui a abouti deux jours plus tard, à la démission du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, au profit du capitaine Ibrahim Traoré.

Lundi, la vie a repris son cours normal à Ouagadougou et dans les autres localités du pays, après une chaude journée de dimanche marquée par des manifestations en soutien au capitaine Traoré et ses hommes et contre la France.

Dans les rues de la capitale, les populations vaquent à leurs occupations habituelles.

Des milliers d’élèves qui étaient en vacances ont repris les chemins de l’école ce lundi, sur toutterritoire national.

Cette rentrée des classes se déroule dans un contexte d’insécurité qui a entraîné la fermeture de milliers d’écoles dans plusieurs régions du pays.

En effet, à la date du 30 avril 2022, 4 148 établissements scolaires étaient fermés au Burkina Faso à cause du terrorisme, privant 685 935 enfants de leur droit à l’éducation, selon les données du ministère en charge de l'Education. .

La crise sécuritaire qui n’a cessé de se dégrader depuis 2015, avait été évoquée comme la raison du premier coup d’Etat orchestré par Damiba contre le président Roch Marc Christian Kaboré le 24 janvier dernier.

Mais huit mois après, Damiba a été à son tour renversé par un groupe de militaires de son propre camp, conduit par le capitaine Ibrahim Traoré, âgé de 34 ans.

Le capitaine Traoré et ses hommes accusent Damiba d’avoir opéré des choix "hasardeux" qui "ont progressivement affaibli" le système sécuritaire du pays en proie aux attaques terroristes.

Démission à 7 conditions

La démission de Damiba, "afin d'éviter une confrontation violente et un éventuel bain de sang", a été saluée dimanche soir par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui a annoncé que dans le cadre de son engagement pour la paix et la stabilité du Burkina Faso, elle va dépêcher une délégation au Burkina Faso ce lundi.

Damiba a posé sept conditions à savoir, la poursuite des activités opérationnelles sur le terrain, la garantie de la sécurité et de la non-poursuite des Forces de défense et de sécurité engagés à ses côtés, la poursuite du renforcement de la cohésion au sein des forces armées et la poursuite de la réconciliation nationale.

Il a aussi exigé le respect des engagements pris avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, la poursuite de la réforme de l’Etat et que sa sécurité et ses droits et ceux de ses collaborateurs soient garantis.

Dimanche soir, le commandement militaire des Forces armées nationales composées du chef d’état-major général des armées et des chefs d’état-major d’armées ont décidé à l’unanimité, à l’issue d’une réunion, de soutenir le capitaine Traoré pour la mise en oeuvre de sa vision concernant la défense de la sécurité de la population.

Le capitaine Traoré a également eu une séance de travail avec les secrétaires généraux des départements ministériels qui assurent l’expédition des affaires courantes.

Il les a invités à accélérer le traitement des dossiers urgents. "Nous devons faire en trois mois, ce qui devrait être fait en douze mois. Il faut du rythme, il faut aller vite, il faut abandonner les lourdeurs administratives", a-t-il dit.

La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest dit suivre "avec une grande préoccupation l'évolution de la situation" et "réitère sa ferme condamnation de la prise du pouvoir par la force" dans un nouveau communiqué publié dimanche. Elle a demandé aux forces de défense et de Sécurité d'éviter l’escalade et, en toutes circonstances et de protéger les civils.

"La CEDEAO demande l'arrêt des violences et des pillages de tous genres, qui ne peuvent être tolérés", exprime son soutien au peuple burkinabè dans sa quête de démocratie et, dans ce cadre, réaffirme son attachement au chronogramme adopté par le Sommet du 3 juillet 2022 qui prévoit le retour à l'ordre constitutionnel au plus tard le 1er juillet 2024.

AA