Blinken en Israël appelle à épargner les civils / Photo: AA (AA)

Ajoutant aux inquiétudes sur le sort de ces civils, Israël a commencé vendredi à renvoyer dans la bande de Gaza, malgré les bombardements, des milliers de travailleurs palestiniens qui étaient bloqués sur son sol depuis le 7 octobre.

Arrivé en matinée, le secrétaire d'Etat américain a réaffirmé vendredi qu'Israël avait "le droit mais aussi l'obligation de se défendre", lors de sa deuxième tournée au Proche-Orient depuis le début de la guerre.

Antony Blinken a aussi appelé "à protéger" les civils "pris sous les tirs" et à "apporter de l'aide à ceux qui en ont désespérément besoin".

Au Liban, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit prononcer un discours dans l'après-midi pour la première fois depuis le début de la guerre et indiquer si sa formation, alliée du Hamas et soutenue par l'Iran, entrera de plain-pied dans le conflit, qui a déjà fait des milliers de morts.

Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza vivent sous les bombardements menés par Israël, qui a promis "d'anéantir" le Hamas.

Selon un nouveau bilan publié vendredi par le ministère palestinien de la Santé à Gaza, 9.227 personnes, dont 3.826 enfants, ont été tuées dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza.

Après une semaine de combats acharnés dans le nord du territoire, les soldats israéliens ont "achevé l'encerclement de la ville de Gaza", où se trouve le "centre du Hamas", a annoncé le porte-parole de l'armée Daniel Hagari.

"Pertes douloureuses"

"Nous sommes au cœur de la campagne (militaire), nos succès sont impressionnants", s'est félicité le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jeudi lors d'une visite sur une base militaire près de Tel-Aviv.

Le dirigeant a toutefois reconnu que l'opération est "difficile" et qu'Israël enregistre des "pertes douloureuses". L'armée a fait état de 332 soldats tués depuis le 7 octobre.

Des vidéos postées par le Hamas montrent des combattants du groupe surgissant de tunnels pour attaquer les chars israéliens dont la progression est rendue difficile par les destructions.

Pour la branche armée du Hamas, "Gaza constituera une malédiction pour Israël". Les Israéliens doivent s'attendre au "retour de davantage de (leurs) soldats dans des sacs noirs", a averti jeudi le porte-parole des Brigades al-Qassam.

Depuis la mi-octobre, l'armée israélienne appelle la population à fuir le nord de la bande de Gaza, notamment la ville de Gaza, très densément peuplée, où les bombardements ont rasé des quartiers entiers et où se concentre l'essentiel des opérations militaires.

"Nous avons vu des choses que nous n'avions jamais vues auparavant, cette guerre est la pire que le peuple palestinien ait connue", a dit aux journalistes Shams Shaath, détentrice d'un passeport américain, qui patientait au poste-frontière de Rafah, au sud de la bande de Gaza, dans l'attente d'une évacuation vers l'Egypte voisine.

Dans la ville de Gaza, des habitants sont venus chercher refuge près de l'hôpital Al-Qods. "Ce n'est pas une vie. Nous avons besoin d'un endroit sûr pour nos enfants", a raconté à l'AFP Hiyam Shamlakh, 50 ans. "Tout le monde est terrifié. Les enfants, les femmes, les personnes âgées."

Des flots de travailleurs exténués

Vendredi, des flots de travailleurs palestiniens exténués ont commencé à traverser le poste-frontière de Karem Abou Salem, entre Israël et la bande de Gaza, à la pointe sud-est du petit territoire.

Certains affirment ne pas savoir s'ils y ont encore une famille ou une maison.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit "profondément inquiet" du renvoi de ces travailleurs "malgré la gravité de la situation" dans le territoire palestinien.

Jeudi, selon un nouveau bilan de l'ONU, 60 Palestiniens blessés ainsi que quelque 400 étrangers ont pu quitter Gaza via Rafah, seule fenêtre sur le monde pour le territoire assiégé par Israël et plongé dans une situation humanitaire catastrophique.

La visite de M. Blinken intervient à un moment où les craintes d'un embrasement sont au plus haut. Le secrétaire d'Etat doit se rendre aussi en Jordanie, un pays arabe signataire d'un traité de paix avec Israël mais dont les relations avec ce pays se sont tendues depuis le 7 octobre.

Le président américain Joe Biden s'était dit mercredi favorable à une "pause" dans la guerre, même si Washington ne soutient pas les appels à un cessez-le-feu.

Un premier contingent de plus de 400 personnes avait été évacué mercredi. L'Egypte a affirmé se préparer à accueillir jusqu'à "7.000" étrangers.

Israël a annoncé avoir mené une "vaste frappe" jeudi dans le sud du Liban sur des cibles du Hezbollah, allié du Hamas, en riposte à des tirs qui ont visé son territoire.

Cette frappe a fait quatre morts dans les rangs du Hezbollah. Le discours de son chef Hassan Nasrallah, prévu à 13H00 GMT lors d'une cérémonie pour honorer les "martyrs" du mouvement, est attendu avec appréhension au Liban mais aussi dans la région.

A la frontière israélo-libanaise, les accrochages armés quotidiens ont fait 70 morts dans le sud du Liban depuis le 7 octobre, dont 52 combattants du Hezbollah et au moins sept civils. Huit soldats et un civil ont été tués du côté israélien, selon les autorités.

"Crimes de guerre"

La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où quelque 130 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne. De nouvelles manifestations sont prévues à travers en Cisjordanie en marge de la prière du vendredi.

Depuis le 9 octobre, le "siège complet" imposé par Israël à la bande de Gaza prive la population de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité. Le territoire était déjà soumis à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Plus de 370 camions d'aide humanitaire, selon l'ONU, sont arrivés depuis le 21 octobre selon l'ONU, qui réclame une aide plus massive.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé jeudi que 14 hôpitaux sur un total de 36 et deux centres spécialisés n'étaient plus opérationnels, en raison de la guerre et du manque de carburant.

Selon le Hamas, des frappes israéliennes, mardi et mercredi, sur le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza, dans le nord du territoire, ont fait 195 morts et 120 disparus.

Le Haut commissariat aux droits de l'homme de l'ONU a estimé que les bombardements sur ce camp, qui abrite 116.000 réfugiés, pourraient constituer "des crimes de guerre".

Par ailleurs, des experts de l'ONU, dont la rapporteure spéciale sur la situation des droits humains dans les Territoires palestiniens occupés, ont estimé jeudi que le peuple palestinien "court un grave risque de génocide".

Agences