Jordan Bardella, le président du Rassemblement national en tête des sondages pourrait être le futur premier ministre. Il cohabiterait alors avec Emmanuel Macron, le président français  / Photo: photomontage (photomontage)

Marine Le Pen estime que le titre de "chef des armées" du Président de la République est "honorifique", en cas de cohabitation. Depuis quelques jours, les dirigeants du Rassemblement national égrènent les petites phrases pour faire comprendre qu’ils veulent aussi gérer les affaires internationales de la France en cas de victoire.

En cas de cohabitation, le centre du pouvoir se partage entre l’Elysée et Matignon. Connaissant les idées différentes entre Emmanuel Macron et Jordan Bardella sur des sujets comme l’Ukraine ou l’Union européenne, le jeu sera serré.

Avec une majorité à l’Assemblée, le RN aura les coudées franches sur un large éventail de dossiers mais il ne pourra seul ratifier les traités internationaux, ou prendre ses distances avec l’Union européenne.

Mais le chef du gouvernement peut prendre l’initiative d’inscrire les projets de loi à l’ordre du jour du Conseil des ministres, même si elle revient au Président de la République. En clair, si le président fait de la résistance, Jordan Bardella peut demander à sa majorité à l’Assemblée de proposer les lois ou réformes bloquées.

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Les promesses de la France envers l’Ukraine seront-elles remises en question ?

Emmanuel Macron ne pourra plus décider de tout sur le dossier ukrainien. Il s’est engagé en matière de soutien et d’aide militaire, mais c’est bel et bien le chef du gouvernement qui dirige le Quai d’Orsay. Qui va, de ce fait, décider de quoi ?

Par exemple, en décembre 1999, le Premier ministre Lionel Jospin sétait opposé à l’envoi de troupes en Côte d’Ivoire, voulu par le président Jacques Chirac.

Le Rassemblement national et la Russie ont des liens de longue date, certains candidats aux législatives sont clairement pro-Poutine comme l'avocat Pierre Gentillet, fondateur du cercle Pouchkine, ou Jacques Myard, ancien député UMP qui se présente devant les électeurs des Yvelines sous la bannière LR-RN. Dès 2014, il avait qualifié les sanctions envers la Russie de “suicidaires pour la France” avant de se rendre deux fois en Crimée occupée.

Le Rassemblement national n’est pas pro-européen

Le programme du RN n’est pas pro-européen mais a beaucoup évolué. Il n’affiche plus la sortie de l’Union européenne depuis 2019, puis il a laissé de côté l’abandon de l’euro. Aujourd’hui, le RN n’a plus le Frexit en tête mais prône des mesures qui sont incompatibles avec les traités fondateurs de l’Union européenne.

Ainsi, Marine Le Pen répète que la supranationalité des traités de l’UE est un problème, c’est pourtant l’un des principes fondateurs de l’union des 27 pays européens pour avancer dans la même direction. Jordan Bardella promet la priorité nationale pour les marchés publics, la limitation du rôle de la Commission, la refonte de Schengen.

Le parti est souverainiste, mais il veut rester dans l’UE, avec l’euro, dans l’espace Schengen. Il veut donc demeurer dans le club européen sans en suivre les règles. Le RN amènerait la France à rejoindre des pays comme la Pologne ou la Hongrie, qui s’opposent continuellement à la Commission de Bruxelles. Que pourra y faire Emmanuel Macron, pro-européen, attaché au rôle moteur de la France dans la construction européenne ?

TRT Français et agences