En attaquant l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine pensait affaiblir les forces de l'Otan. Mais douze mois plus tard, il est apparu clairement qu’il n’a fait que renforcer l’Alliance. Ce mardi 4 avril, une réunion “historique”, comme l’a qualifiée le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, se tenait au siège de l'Alliance atlantique à Bruxelles, pour valider l’adhésion de la Finlande.
Il ne fait aucun doute que la raison de l'expansion de l'Otan est directement liée à la menace russe. La Finlande et la Suède, qui est toujours sous probation, ont demandé à rejoindre l'Alliance en réponse à l'offensive russe en Ukraine. Aujourd’hui, le pays nordique devient officiellement le 31e membre, une étape importante pour le pays et l'Alliance. Mais dans quelle mesure l’Otan va-t-elle se renforcer avec la Finlande ?
Renforcer sa position dans la région nordique de l'Europe
L'adhésion de la Finlande à l'Otan offre une présence importante de l'Alliance dans la région nordique, qui est géographiquement proche de la Russie. La Finlande, qui partage une frontière de 1300 km avec la Russie, est cruciale pour l'expansion orientale de l'Otan.
En outre, la présence renforcée de l'alliance dans la région nordique permettra de contrôler efficacement la péninsule de Kola, qui abrite des dépôts d'armes russes, y compris des missiles intercontinentaux et le port de Mourmansk, où se trouve la Flotte du Nord. La force de frappe de la flotte russe sera également réduite dans la mer Baltique grâce à la détection rapide de ces missiles. .
Renforcer la coopération avec la Suède
Par ailleurs, l'adhésion de la Finlande resserrera encore davantage l’entente déjà forte qui lie la Finlande, la Suède et l'Otan. La Suède, certes un pays neutre, coopère quelques fois avec l’Alliance, notamment dans l'opération de surveillance aérienne de l'Otan en mer Baltique. En plus du renfort de la Finlande qui renforcera la présence de l'Otan dans la mer Baltique, un point de passage important pour le trafic maritime en Europe. De plus, si la probable adhésion de la Suède à l'Otan aboutit, la mer Baltique passera totalement sous le contrôle de l’Alliance, ce qui rendra la région impraticable pour les sous-marins russes.
Renforcer son expertise technologique et militaire
En outre, la Finlande est un pays avancé dans les domaines de la technologie de défense et dispose d’entreprises de pointe dans les domaines de la cybersécurité, de l'intelligence artificielle et de la défense aérienne. Ce sera donc un nouveau coup de pouce à l'expertise technologique de l'alliance et une contribution à la capacité de l’organisation à répondre aux défis modernes de la sécurité.
La Finlande est aussi dotée d'une armée puissante, un atout souvent méconnu. Contrairement à certains pays qui ont réduit leur préparation militaire après la fin de la guerre froide, la Finlande a continué à se préparer à la guerre.
Malgré une population de seulement 5,5 millions d'habitants, la Finlande peut mobiliser près de 300 000 militaires et dispose d'une réserve totale de près de 900 000 soldats. Elle possède également une des plus grandes artilleries d'Europe et a récemment investi dans des avions chasseurs F35, des acquisitions qui seront très utiles à l'Otan.
Quel a été le rôle de la Turquie ?
Alliée incontournable de l’Otan, la Turquie a exigé de la Finlande et de la Suède qu'elles luttent contre les organisations terroristes notamment le PKK et lèvent l'embargo sur les ventes d'armes, dans le cadre d'un mémorandum tripartite signé en juin. L'Otan a exercé une forte pression sur les deux pays-candidats pour qu'ils acceptent les demandes d'Ankara dans la lutte contre le terrorisme, avec l'approbation de Jens Stoltenberg qui a considéré que la Turquie a des préoccupations légitimes en matière de sécurité.
Les pays ont accepté les demandes de la Turquie, bien que la Finlande ait convaincu plus rapidement le président turc. L'adhésion de la Finlande à l'Otan est un véritable succès diplomatique pour la Turquie qui a réussi à imposer au pays nordique ses demandes en matière de lutte contre le terrorisme.
Membre fondateur de l'Otan depuis 1952, la Turquie occupe une position stratégique clé dans la région méditerranéenne, à la croisée de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient .
Dotée de la plus grande armée de l’Alliance après les États-Unis, elle est également un important fournisseur de bases militaires pour l'OTAN, offrant un accès stratégique à la région et une plateforme pour les opérations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la sécurité maritime. En somme, la Turquie est un acteur incontournable de la sécurité collective de l'OTAN et un partenaire clé pour les États-Unis et l'Europe.