Les volumes vendus ont reculé de 1,6%, trois fois plus vite que les attentes des économistes, après une petite hausse de 0,4% le mois précédent (chiffre révisé), a annoncé vendredi l'Office national des statistiques (ONS).
La baisse est visible dans "tous les principaux secteurs", magasins alimentaires ou non, ventes en ligne ou encore carburants.
Cela ne s'était pas produit depuis juillet 2021, alors que la levée de toutes les restrictions sanitaires a incité les Britanniques à retourner dans les restaurants, bars et lieux de divertissements plutôt qu'à aller faire des emplettes, remarque l'ONS.
L'alimentaire a connu une baisse de 0,8%, "ce qui suggère que les acheteurs se serrent la ceinture en réponse à la flambée des prix" de la nourriture, commente Gabriella Dickens, économiste à Pantheon Macro.
Selon une étude publiée vendredi par la "Living Wage Foundation" (fondation pour un salaire décent), 78% des Britanniques touchant un petit salaire, soit 3,7 millions de personnes, traversent "la pire période qu'ils aient jamais connue" au niveau financier.
Plus de la moitié de ces travailleurs pauvres a dû faire appel aux banques alimentaires lors des 12 derniers mois, et plus d'un quart n'a plus d'argent après avoir payé ses dépenses essentielles, selon cette étude.
La baisse des ventes en août "confirme notre point de vue que l'économie (britannique) est déjà en récession" et le commerce de détail "continuera probablement à peiner alors que la crise du coût de la vie frappera plus durement dans les mois à venir", estime Olivia Cross, de chez Capital Economics.
Cela se répercute sur les perspectives de détaillants inquiets "face aux incertitudes quant aux montants que les consommateurs dépenseront" à l'approche de la période cruciale des fêtes de fin d'année, selon Oliver Vernon-Harcourt, de Deloitte, qui rappelle que les commerçants font eux aussi face à une envolée de leurs coûts.
Les défaillances d'entreprises sont d'ailleurs en hausse de 43% sur un an en Angleterre et au Pays de Galles, d'après des statistiques publiées vendredi par le service d'enregistrement des faillites ("insolvency service").
Le produit intérieur brut britannique (PIB) a légèrement rebondi, de 0,2% en juillet, après un recul en juin, mais la Banque d'Angleterre s'attend à une longue récession à partir de fin 2022, en raison d'une inflation dopée notamment par la flambée des prix de l'énergie depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
Si les hausses de prix au Royaume-Uni ont ralenti en août à 9,9%, repassant sous la barre de 10% grâce à un reflux des prix du carburant, elles restent à un sommet en 40 ans et devraient redécoller dans les mois qui viennent selon les économistes.
La nouvelle Première ministre britannique Liz Truss a dévoilé la semaine dernière un gel des prix de l'énergie de deux ans pour les particuliers et de six mois pour les entreprises.
Cela devrait aider à stabiliser les prix mais les effets positifs pourraient être en partie annulés par des hausses de taux plus agressives de la Banque d'Angleterre pour contrer l'effet inflationniste à plus long terme des aides gouvernementales.
Mais l'institut monétaire pourrait aussi faire preuve de plus de modération que prévu dans sa décision attendue la semaine prochaine, vu le léger ralentissement de l'inflation et la dégradation des ventes au détail, selon les économistes.