Le seul survivant des commandos terroristes du 13 novembre 2015, Salah Abdeslam, a reconnu mercredi devant la Cour d’Assises spéciale de Paris, avoir « renoncé » à se faire exploser dans un café du 18ème arrondissement de la capitale.
« Je vais rentrer dans ce café, je vais commander une boisson, je vais regarder les gens autour de moi, et là, je me dis: je ne vais pas le faire », a-t-il expliqué. Il se souvient avoir ensuite « marché, pris un taxi, acheté un portable, jeté la ceinture, mais (…) pas dans quel ordre ».
Le Franco-Marocain, cité par Libération, indique qu’il a rencontré Abdelhamid Abaaoud, considéré comme le cerveau des attentats, dans la nuit du 11 au 12 novembre 2015. C’est là que ce dernier lui fait part d’un projet d’attentats multiples et simultanés dans Paris.
« Il va m’expliquer le projet, que des attaques vont se faire en France. Il ne me donne pas les cibles, mais il me dit juste que je vais porter une ceinture explosive et me faire exploser. Quand il me dit : «Tu vas te faire exploser», c’était un choc pour moi, je ne savais pas comment réagir », poursuit l’accusé qui espérait à ce moment-là pouvoir rejoindre la Syrie.
Il raconte ensuite à la Cour, avoir renoncé « par humanité » après avoir vu « des jeunes, des très jeunes » dans le bar où il avait l’intention de commettre l’indicible.
« Il y avait des jeunes, des très jeunes. J’ai vu ces gens en train de danser, de rigoler. J’ai renoncé par humanité, pas par peur. C’était des jeunes, ils étaient plus jeunes que moi, je ne voulais pas les tuer », a-t-il détaillé.
Ses aveux font échos aux affirmations contenues dans le communiqué de Daech, et qui faisaient état d’une attaque menée dans le 18ème arrondissement de Paris.
Salah Abdeslam doit encore être entendu ce jeudi ou il sera notamment interrogé par le parquet national antiterroriste. Le délibéré de ce procès hors norme au cours duquel comparaissent 14 prévenus, dont 5 sont supposés morts en zone de guerre, est attendu en juin.
Pour rappel, ce soir du 13 novembre 2015, il est aux alentours de 21 heures 20, lorsque trois kamikazes se font exploser à quelques minutes d’intervalle aux abords du Stade de France pendant la rencontre France-Allemagne à laquelle assistait François Hollande.
Une première victime est tuée dans la déflagration mais le lieu est bondé et les trois terroristes, qui ont tenté d’entrer dans le stade sans y parvenir, auraient pu faire des centaines d’autres morts s’ils y étaient parvenus.
Quasiment au même moment, un second commando entre en action dès 21 heures 24 au cœur de la capitale parisienne. Jusqu’à 21 heures 41, trois terroristes tirent à vue sur les terrasses de cinq cafés des Xème et XIème arrondissements, faisant 39 morts.
L’horreur se poursuit à 21 heures 40 au Bataclan, au moment où un troisième commando, composé de trois terroristes, entre dans l’emblématique salle de concert. Ils tuent 90 personnes, avant que l’assaut ne soit donné à 00 heures 18 sur autorisation du préfet de police de Paris.