L’opposition politique française s’est indignée après l'annonce du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qu’une révision constitutionnelle serait proposée pour supprimer le droit du sol à Mayotte, qui permet actuellement à un enfant né sur le territoire français de deux parents étrangers d'acquérir automatiquement la nationalité française à ses 18 ans.
Pour se justifier, la ministre en charge des Outre-mer, Marie Guévenoux a défendu la décision par la situation à Mayotte. "Il ne faut pas être dans des logiques 'principielles'. On a un territoire français qui vit une situation exceptionnelle et qui a besoin de mesures exceptionnelles pour l'aider à sortir de la situation dans laquelle il est", a dit Guévenoux en faisant référence à l’augmentation de l’immigration irrégulière et l’insécurité. "Les conditions de Mayotte le justifient", a-t-elle insisté.
Pour la gauche, le droit du sol n’est pas négociable
Mais cette justification n’a pas convaincu la gauche. Pour le député LFI (La France insoumise) Manuel Bompard, le projet du ministre de l'Intérieur porte atteinte à l'un des piliers fondamentaux de la République.
"Pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République, certainement pas le fait d'entamer le droit du sol, qui est un des piliers fondamentaux de notre République", a-t-il soutenu sur Europe 1-CNews.
«Le droit du sol n’est pas négociable. Il est déjà adapté à Mayotte, et il n’a pas fait la démonstration que cela ait changé quoi que ce soit», a indiqué le patron des députés socialistes, Boris Vallaud, sur France 3.
Pour la tête de liste écologiste aux européennes, Marie Toussaint, "mettre fin au droit du sol à Mayotte ne résoudra pas les difficultés du territoire, mais cela vient abîmer notre République". "La démolition de nos valeurs par un président de la République qui devance l’extrême droite est un recul terrible", a-t-elle dénoncé sur X.
Le député écologiste Aurélien Taché a lui aussi dénoncé la mesure sur BFM TV : "Quand on rompt comme ça avec le droit du sol, qui est attaché à l’histoire républicaine française depuis plus de deux siècles, c’est qu’on considère que la nationalité n’est plus attachée à l’endroit où vous naissez mais à l’origine ou la nationalité de vos parents. C’est extrêmement grave".
L'annonce du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin d'une révision constitutionnelle à venir pour supprimer le droit du sol à Mayotte, département français d'outre-mer, "remet en cause l'indivisibilité de la République" pour des résultats "extrêmement aléatoires", met en garde l'historien et spécialiste des questions d'immigration et de citoyenneté Patrick Weil dans un entretien à l'AFP.