Drapeaux de la Palestine sur les collines / Photo: AA (AA)

La semaine dernière, le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Nuh Yilmaz, a rencontré le secrétaire général du comité central du Fatah, Jibril Rajoub, à Ankara, pour discuter du processus de réconciliation en cours entre les groupes palestiniens.

La réunion du 22 août s'est tenue à un moment critique, quelques jours seulement après l'assassinat par Israël de Khalil al-Maqdah, un haut commandant de la branche armée du Fatah, les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. Le Fatah a averti qu'Israël avait l'intention de déclencher une guerre régionale.

L'engagement de la Turquie auprès du Fatah intervient dans un contexte d'escalade de la violence des forces israéliennes à Gaza et en Cisjordanie occupée, où l'administration du président palestinien Mahmoud Abbas exerce son contrôle.

La réunion illustre les efforts continus de la Turquie pour favoriser l'unité entre les factions palestiniennes à un moment où les tensions régionales sont exacerbées.

Le rôle de la Turquie dans la médiation des conflits

Les discussions ont lieu alors que les actions israéliennes en Cisjordanie occupée exercent une pression croissante sur le Fatah, le parti dominant au sein de l'Autorité palestinienne. Le contrôle du Fatah sur certaines parties de la Cisjordanie est de plus en plus contesté, ce qui soulève des inquiétudes quant à sa capacité à maintenir son autorité dans un contexte de conflit.

La professeure Zuhal Mert Uzuner, directrice du Centre de recherche des relations internationales à l’université Marmara (MURCIR), suggère que l'engagement du Fatah auprès de la Turquie peut refléter des inquiétudes quant à une nouvelle escalade et une lutte pour conserver le contrôle de la Cisjordanie occupée.

"Les autorités israéliennes se concentrent sur la solution d'un seul État sur toutes les terres palestiniennes", souligne Mme. Uzuner, qui précise que cette solution est en contradiction avec le soutien de la communauté internationale en faveur d'une solution à deux États basée sur les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.

Mme Uzuner souligne le soutien de longue date de la Turquie à une direction palestinienne unifiée et son plaidoyer en faveur d'une représentation efficace du peuple palestinien sur la scène internationale.

"L'implication de la Turquie pourrait être déterminante pour transformer la résistance palestinienne en une force politique et diplomatique solide", note cette analyste qui met en exergue la position unique de la Turquie en tant que nation à prédominance musulmane ayant des liens diplomatiques forts au Moyen-Orient et au-delà.

Le rôle potentiel de la Turquie dans la réconciliation palestinienne

Compte tenu de son expérience en matière de résolution des conflits régionaux, la Turquie pourrait jouer un rôle crucial dans la facilitation du dialogue entre le Fatah et les autres factions palestiniennes. En offrant une plate-forme neutre pour les négociations, Ankara pourrait contribuer à combler les profondes divisions qui entravent depuis longtemps l'unité palestinienne.

"Ces stratégies visent à affaiblir les efforts politiques et diplomatiques en vue de la création d'une autorité étatique palestinienne et d'une direction palestinienne unifiée", affirme-t-elle. Elle estime, en outre, que les récentes actions militaires d'Israël, y compris les assassinats ciblés, pourraient avoir pour but d'empêcher une telle unité en maintenant la militarisation du conflit.

Implications plus larges de la réconciliation

Si le Fatah et le Hamas, les deux principales factions palestiniennes, se réconcilient, l'impact sur l'équilibre des pouvoirs dans les territoires palestiniens pourrait être significatif. Une direction palestinienne unie est susceptible de renforcer sa position dans les négociations avec Israël et consolider le soutien international.

"La capacité diplomatique de la Turquie à défendre la cause palestinienne, sur la base du droit international et de la diplomatie, pourrait guider la région vers un avenir plus pacifique et plus stable", conclut Mme. Uzuner, soulignant l'importance d'une direction palestinienne plus unifiée et plus cohérente sur le plan politique.

Histoire de la rivalité

La rivalité entre le Fatah et le Hamas remonte à 2006, lorsque le Hamas a remporté une victoire décisive aux élections législatives, ce qui lui a permis de contrôler la bande de Gaza. Le mois dernier, après des réunions à Pékin, les deux factions se sont mises d'accord sur le principe de l'unité nationale et ont discuté de la formation d'un "gouvernement de réconciliation", bien qu'aucun progrès tangible n'ait été réalisé jusqu'à présent.

En tant que fervent défenseur de la cause palestinienne, la Turquie s'est engagée auprès des dirigeants du Hamas et du Fatah, poussant sans cesse à la réconciliation et à l'unité.

Position stratégique de la Turquie et perspectives d'avenir

Dans le contexte plus large de la géopolitique du Moyen-Orient, le rôle de la Turquie en tant que médiateur dans le processus de réconciliation palestinienne pourrait s'avérer crucial. En cas de réconciliation, la Turquie pourrait également contribuer à la mise en place d'un cadre de sécurité plus solide dans les territoires palestiniens, ce qui permettrait de stabiliser la région et d'empêcher de nouvelles incursions israéliennes.

Mme Uzuner affirme que "la réconciliation entre les factions palestiniennes est cruciale pour lancer des négociations efficaces avec Israël", bien qu'elle reconnaisse les défis posés par les différences sectaires et les idéologies politiques.

Cependant, le soutien constant apporté par la Turquie à la Palestine, combiné à ses efforts diplomatiques pourraient être essentiels pour surmonter ces obstacles et favoriser un front palestinien plus unifié sur la scène internationale.

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