Boualem Sansal n’a pas encore été présenté à un juge depuis son arrestation à Alger. L’agence de presse officielle, APS, n’a confirmé son arrestation que vendredi 22 novembre. L'incarcération de l’écrivain de 75 ans est entourée de mystère. Pendant plusieurs jours, il avait disparu. Aujourd’hui, on ne saisit toujours pas la raison exacte pour laquelle l’auteur a été arrêté.
L’avocat de Boualem Sansal, François Zimeray, a admis, lundi soir, n'avoir "aucune nouvelle précise" sur l'état ou les conditions de détention de l'écrivain franco-algérien.
Mais la presse algérienne laisse, petit à petit, fuiter des informations. Dans un reportage de la télévision algérienne (ENTV), le journaliste indique que Boualem Sansal risque de lourdes charges.
L’auteur, virulent critique des autorités algériennes, a sans doute été arrêté pour des propos concernant le Maroc.
Dans son reportage, la télévision qualifie l’écrivain d’”agent ayant des origines marocaines” qui “se cache derrière la littérature au service d’un sale projet”.
Que reproche-t-on à Sansal ?
Il semble que ce qui lui est reproché est une interview à un journal d’extrême droite, Frontières. Boualem Sansal avait alors soutenu que tout l’ouest de l’Algérie appartenait historiquement au Maroc et que les frontières actuelles étaient héritées de la colonisation. Cette thèse est défendue par le Maroc qui estime que l'Algérie a été favorisée dans le découpage des frontières.
La presse algérienne se montre très critique envers l’écrivain et n’a cure de la mobilisation qui existe en France pour obtenir sa libération. APS a reproché, vendredi, à la France de prendre "la défense d'un négationniste qui remet en cause l'existence, l'indépendance, l'histoire, la souveraineté et les frontières de l'Algérie", qualifiant M. Sansal de "pantin utile".
Mobilisation en France pour la libération de Sansal
Sur BFM TV, l’avocat de l’écrivain a lancé un appel. Boualem Sansal est connu pour ses positions politiques. Il accuse le gouvernement algérien d’autoritarisme. “La meilleure façon de confirmer ce qu'il dit, c'est de le maintenir en prison. Donc, si l'Algérie n'est pas une dictature, libérez-le", a lancé Me Zimeray.
Le défenseur de l’écrivain estime que "le risque de perpétuité est réel pour (le) type d'infraction" qui lui serait reproché.
Les Prix Nobel de littérature Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, ainsi que plusieurs écrivains dont Salman Rushdie et Roberto Saviano, ont demandé la "libération immédiate" de l'écrivain Boualem Sansal, dans une tribune publiée, samedi, sur le site de l'hebdomadaire Le Point.
Trente membres de l’Académie française ont, eux, lancé un appel aux autorités algériennes, dimanche, pour qu’elles “assurent la sauvegarde physique des droits élémentaires” de Boualem Sansal.