Dans son discours sur l'état de la Nation devant le Parlement, réuni en Congrès dimanche à Alger, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a critiqué la France sur son passé colonial en Algérie. Il a notamment accusé Paris de refuser de reconnaître les “crimes coloniaux”.
L’Algérie, a-t-il dit, “ne veut pas de compensation financière sur les crimes coloniaux, ni d’excuses, mais de la reconnaissance”.
“Je ne vous demande pas de vous excuser de ce que vos ancêtres ont fait en Algérie, mais au moins, reconnaissez“, a-il lancé avant d’ajouter: “Nous ne voulons pas d’indemnisation financière. Nous demandons une indemnisation morale”.
45 000 morts
Offensif, il a assimilé les exactions des soldats français à un génocide.
“Ils ont gazé des Algériens dans des grottes, et ça ce n’est pas un génocide ? En mai 1945, il y a eu 45.000 morts en l’espace d’un mois”, a déploré le président Tebboune.
Dans la foulée, il a accusé la France d’avoir légué des maladies du fait des essais nucléaires.
“La France est devenue une puissance nucléaire, et a laissé des maladies en Algérie (...).Il faut venir nettoyer, je ne veux pas de votre argent, je n’ai rien à faire avec votre argent”, a insisté Abdelmadjid Tebboune accusant la France d’avoir “exterminé” des générations d'Algériens.
“Quand vous êtes venus, l’Algérie comptait quatre millions d’habitants. Quand vous êtes partis, l’Algérie comptait à peine 9 millions de personnes. C’est-à-dire en un siècle et demi, la population n’a augmenté que de trois millions. Des générations entières d’Algériens ont été exterminées“, a lancé le chef d’Etat algérien.
Abdelmadjid Tebboune a aussi qualifié l’entreprise coloniale d'opération ruineuse.
"Ceux (en France, ndlr) qui disent que nous avons laissé un paradis à l'Algérie devraient savoir que 90% du peuple algérien était analphabète au moment de l'indépendance", a souligné M. Tebboune, estimant que "la colonisation (1830-1962, ndlr) a laissé l'Algérie en ruines (...) ils doivent admettre qu'ils ont tué et massacré des Algériens".
Il conclut son propos en invitant la France, qui a colonisé l'Algérie durant 132 ans, de 1830 à 1962, autour d’une table de négociation pour régler la question de leur passé colonial.