Le gouvernement français a décidé d’inclure l’agriculture, grand employeur de saisonniers et de main-d'œuvre étrangère, dans les secteurs dits "en tension”. La nouvelle loi sur l’immigration publiée au journal officiel le 28 janvier dernier prévoit en effet une procédure pour faciliter l’obtention de visas aux étrangers dans des secteurs souffrant particulièrement d’un manque de main-d'œuvre. Le gouvernement Attal va même plus loin, la quasi-totalité des emplois saisonniers agricoles devrait bénéficier d'une exonération de cotisations patronales et promet 45 000 visas de travail temporaires valables un an pour le secteur agricole.
Pas question cependant d’ouvrir grand les portes. Les conditions d’attribution sont strictes. Le candidat doit résider depuis plus de 3 ans en France, doit être inconnu des services de police et doit déjà avoir exercé le métier pour lequel il postule. Le travailleur intéressé doit lui-même effectuer sa demande de visa. Gérard Ré, chargé de la question des saisonniers au syndicat CGT, estime qu’il s’agit juste d’un coup de communication du gouvernement. “Cela ne va pas régulariser les sans-papiers qui travaillent dans le secteur agricole. Et si l’agriculture peine à trouver des salariés c’est qu’elle propose des salaires bas.”, soutient-il
Les arboriculteurs et viticulteurs saluent cette mesure mais ajoutent que 45 000 visas, ce n’est pas forcément suffisant pour répondre aux besoins. Dans le vignoble champenois, lors des vendanges, beaucoup ont du mal à trouver la main d'œuvre nécessaire. 120 000 personnes sont embauchées sur cette courte période. Philippe Cothenet, secrétaire général adjoint de la CGT Champagne attire l’attention sur un phénomène nouveau: “Certains vignerons préfèrent utiliser des sociétés de prestation qui font venir en bus des travailleurs d’Afrique de l’Ouest, des pays de l’Est voire même de Turquie.” Les viticulteurs ne gèrent plus les conditions d’accueil et les autorisations de travail. Et le syndicat insiste sur un point: les saisonniers qui sont amenés ainsi se voient proposer des salaires qui ne sont vraiment pas à la hauteur de la pénibilité du travail demandé.