L'ex-président sud-africain Jacob Zuma, qui a officiellement fini de purger une peine de 15 mois de prison pour outrage à la justice, doit retourner derrière les barreaux, sa libération conditionnelle l'an dernier pour raison de santé étant contraire à la loi, a estimé lundi une cour d'appel.
L'ancien chef d'Etat âgé de 80 ans avait été condamné en juin 2021 pour avoir obstinément refusé de témoigner devant une commission chargée d'enquêter sur la corruption sous sa présidence (2009-2018).
Son incarcération le mois suivant avait déclenché une vague sans précédent de violences et pillages, dans un contexte socio-économique tendu, faisant 350 morts. Deux mois après, il avait été libéré pour raisons de santé et placé sous contrôle judiciaire.
La Cour suprême d'appel "estime que la libération conditionnelle pour raison médicale de M. Zuma était contraire à la loi", dans une décision dont l'AFP a obtenu copie.
Le responsable des services pénitentiaires avait accordé la liberté conditionnelle contre l'avis du comité médical de l'institution. Les experts médicaux avaient estimé que M. Zuma "ne remplit pas les conditions requises".
L'état de santé de Jacob Zuma reste largement opaque. Selon les multiples rapports médicaux cités dans la décision de la cour d'appel, il souffre de problèmes liés à la pression artérielle, un taux élevé de glycémie ainsi que de lésions graves au côlon.
Le responsable des services pénitentiaires n'était pas fondé à aller à l'encontre de l'avis du comité de médecins, selon la cour d'appel. En conséquence, "M. Zuma, selon la loi, n'a pas fini de purger sa peine. Il doit retourner au centre correctionnel d'Escourt" (KwaZulu-Natal, sud-est).
Cette décision intervient alors que les autorités pénitentiaires ont annoncé le mois dernier la fin de peine de M. Zuma, qui est apparu en public plusieurs fois, dansant et chantant devant ses partisans.
Il reste perçu, malgré les scandales, comme le plus grand rival politique de l'actuel président Cyril Ramaphosa. A moins d'un mois de la conférence du parti au pouvoir, l'ANC, échéance cruciale pour l'avenir de M. Ramaphosa à la tête du pays, Jacob Zuma a plusieurs fois tenté de le déstabiliser en mettant en doute sa probité.
L'ANC se réunit à partir du 16 décembre pour choisir ou non d'investir M. Ramaphosa à un second mandat en 2024. Élu sur la promesse d'éradiquer la corruption, il est gêné par un scandale autour de mystérieuses liasses de billets découvertes lors d'un cambriolage dans l'une de ses propriétés.