En août 1958 lors de sa visite dans le continent africain, Charles de Gaulle voulait créer, sur le modèle du Commonwealth britannique, une “Communauté” rassemblant les colonies africaines en conférant une relative autonomie à ses membres, dans le but d'empêcher tout risque de sécession de ces territoires.
C'était également à Brazzaville que le général avait présidé en février 1944, une conférence pendant laquelle il avait annoncé la naissance de l'Union française, qui prenait la suite de l'empire colonial.
Après son retour en politique le 1er juin 1958 en tant que Président du Conseil, Charles de Gaulle commence le 21 août depuis le Tchad une vaste tournée africaine, orchestrée par le ministère de la France d'Outre-mer et Jacques Foccart, responsable de la cellule africaine à l'Élysée.
L'objectif de ce voyage était d'obtenir l'adhésion de ces territoires à la Communauté naissante, visant à maintenir un lien entre la France et les territoires d'Outre-mer souhaitant demeurer liés à elle. Charles de Gaulle redoutait que ces territoires ne fassent sécession, alors que le mouvement de décolonisation était déjà en cours.
"Il est naturel et légitime que les peuples africains accèdent à ce degré politique où ils auront la responsabilité entière de leurs affaires intérieures, où il leur appartiendra d’en décider eux-mêmes", lance le général De Gaulle dans son discours de Brazzaville, précisant que la métropole ne s'opposera désormais à aucune volonté d’indépendance.
Il offrit alors aux Africains la possibilité de la “libre détermination”: le choix entre l’indépendance, qui implique la suspension du soutien économique de la France, ou l'adhésion à la Communauté, dans laquelle chaque État membre conserverait une autonomie relative, avec un pouvoir exécutif et législatif en exercice libre. En revanche, les domaines de la défense, de la politique étrangère, de l'économie et des finances et du commerce extérieur, seraient dépendants des instructions de la France.
De Gaulle explique que la décision dépendrait du "suffrage de tous les citoyens des territoires d'Afrique et des citoyens de la métropole" qui pourraient alors déterminer leur avenir lors du référendum du 28 septembre 1958 sur la Constitution.
Mais la réalité est un peu différente. Le général de Gaulle, ne tolérerait absolument pas une quelconque indépendance. L’issue que devait prendre le référendum avait officieusement été soufflée à chacun des dirigeants.
Lorsque le 25 août 1958, le dirigeant guinéen Ahmed Sékou Touré avait hautement clamé “Il n’y a pas de dignité sans liberté: nous préférons la liberté dans la pauvreté à la richesse dans l’esclavage”, dans un discours solennelle à Conakry, et ce, juste aux côtés du général de Gaulle, les choses allaient prendre une toute autre tournure pour la Guinée.
Pendant que onze colonies d'Afrique et le Madagascar votent en faveur de la Constitution instaurant la Communauté, la Guinée de Sékou Touré fait cavalier seul en votant "non", et accéda à l'indépendance dès le 2 octobre, entraînant ainsi une rupture immédiate des liens politiques et économiques avec la France, en plus de subir des campagnes de diabolisation et des opérations successives comme l’introduction de fausses monnaies dans le pays pour couler l'économie guinéenne (Opération Persil).
Cependant deux ans plus tard, en plein contexte d’exacerbation de la crise algérienne, la Communauté permit quand même d’ouvrir la voie à l'indépendance des anciennes colonies et quatorze nouveaux États africains virent le jour entre le 1er janvier et le 28 novembre 1960, à savoir le Bénin, le Mali, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, la Mauritanie, le Togo, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Congo-Brazzaville, Madagascar, le Centrafrique et le Sénégal.
Or, dans la conjoncture actuelle où la présence française est remise en cause dans plusieurs pays d’Afrique comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger secoués par des coups d’Etat successifs, la question de la décolonisation et de l'indépendance de l’Afrique semble être un sujet d'actualité toujours brûlant pour nombre de peuples africains.