Un bidonville à Mamoudzou juste après le passage du cyclone, des personnes font du porte à porte pour vérifier les besoins de chacun/ Photo: Reuters (Reuters)

Depuis près de deux semaines, les autorités françaises assurent que l’aide arrive, que les bâches pour protéger les maisons arrivent, que l’eau va être rétablie, que les distributions de nourriture s’intensifient.

Mais le sénateur RDPI de Mamoudzou, Saïd Omar Oili, fait le tour des médias pour réfuter ces messages rassurants. Sur France Info, il a fait le calcul de l’aide humanitaire distribuée. Lundi dernier, les autorités avaient annoncé la distribution de 390 000 litres d'eau et de 65 tonnes de nourriture. "Nous avons une population qui est de 319 000, voire 320 000 personnes. Faites le calcul vous-même… En dix jours, on a distribué un litre d'eau par personne", déplore le sénateur issu de la majorité présidentielle.

Certaines agglomérations comme Acoua n’ont reçu de l’aide que 10 jours après le cyclone.

"Il y a plein de gens qui n'ont pas à manger, il y a plein de gens qui n'ont pas d'eau, il y a plein de gens qui dorment encore à la belle étoile", s’indigne Saïd Omar Oili.

Dans les bidonvilles, c’est le silence

Où sont mes électeurs ? Il répète à chaque interview cette question. L’élu mahorais rappelle que les bidonvilles ont été rasés par le cyclone, que sur 100 000 personnes en situation illégale, 15 000 seulement sont allées dans les abris organisés par la Préfecture. Il déplore surtout l’absence de recherches avec des chiens dans les décombres, plus de dix jours après le cyclone. Il est sans doute trop tard pour retrouver des survivants dans la boue et les tôles entremêlées, mais Saïd Omar Oili met en garde, une crise sanitaire se profile avec tous ces morts qui ont été enterrés à la va-vite au bord des routes ou sont encore dans les décombres.

Le sénateur insiste sur le silence qui règne dans les quartiers dévastés et sur la nécessité de fouiller les décombres. En d’autres termes, l’élu dénonce des failles dans la gestion de la crise après le cyclone. Non seulement l’aide arrive en quantité insuffisante mais les zones sinistrées n’ont pas été fouillées. Les soldats et les gendarmes envoyés sur place ont dégagé les routes et vont de village en village pour s’enquérir des besoins.

Saïd Omar Oili a cité à plusieurs reprises l’exemple d’une professeure de collège qui est partie à la recherche de ses élèves à Kaweni. Son école compte 1700 enfants, elle n’en a retrouvé que 300 et elle demande sur les réseaux sociaux où ils sont passés.

François Bayrou, le Premier ministre français, a annoncé ce jeudi qu’il se rendrait sur l’archipel de l’Océan indien ce dimanche pour deux jours. Il sera accompagné de plusieurs ministres dont le nouveau ministre des Outre-mer, Emmanuel Valls.

Le Premier ministre a ulcéré les élus mahorais lorsqu’il a préféré se rendre dans sa ville de Pau pour assister au conseil municipal plutôt que d’assister à une réunion de crise sur Mayotte.

L’annonce ensuite de la composition de son gouvernement le 23 décembre, jour de deuil national pour les victimes de Mayotte a été considéré comme un manque de respect pour le drame mahorais.

TRT Français et agences