La Russie a procédé mardi au lancement d'essai d'un missile balistique intercontinental "avancé", quelques semaines après avoir annoncé la suspension de sa participation au traité de désarmement nucléaire qui la lie aux Américains.
Une unité de "combat a lancé avec succès un missile balistique intercontinental (ICBM)" depuis le site d'essai Kapustin Yar, a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.
"L'ogive d'entraînement du missile a touché une cible fictive sur le terrain d'entraînement de Sary Shagan (République du Kazakhstan)", a ajouté le communiqué, sans donner d’informations sur le type d'ICBM utilisé.
Le ministère a néanmoins précisé que l'exercice avait pour but "de tester des équipements avancés de combat", ajoutant qu’il "a permis de confirmer l'exactitude de la conception des circuits et des solutions techniques utilisées dans le développement de nouveaux systèmes de missiles stratégiques".
Cet essai intervient alors que les forces russes ont affirmé contrôler 80% de la ville de Bakhmout, où d'importants et violents combats sont toujours en cours.
L'Institut américain des études de la guerre a confirmé sur la base d’analyses satellites, des avancées militaires russes dans plusieurs directions y compris dans les environs de cette ville.
Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, le président Vladimir Poutine a laissé entendre à maintes reprises que l'usage d'armes nucléaires n'était pas exclu si la Russie se voyait menacée.
Dernier exemple en date, le 25 mars, le Kremlin a annoncé son intention de déployer des armes nucléaires "tactiques" au Bélarus, son allié dans le conflit, suscitant l'inquiétude à Kiev et en Occident.
Fin février, les deux chambres du Parlement russe ont par ailleurs entériné la suspension du traité de désarmement nucléaire New Start, signé en 2010. Il s'agit du dernier accord bilatéral de désarmement nucléaire entre les Russes et les Américains qui s'étaient accordés pour limiter leurs stocks nucléaires et se plier à des inspections mutuelles.
Ces deux décisions ont été vivement condamnées par l'Otan.
Vladimir Poutine avait promis fin février la mise en service cette année du dernier-né des missiles balistiques intercontinentaux, le Sarmat, décrit comme une arme capable de "déjouer tous les système anti-aériens" et qui "fera réfléchir à deux fois ceux qui essayent de menacer" la Russie.
La CIA s’attend à plus de tentatives d’intimidation nucléaire
Le directeur de la CIA, Bill Burns, a déclaré que même s'il s'attendait à plus de tentatives d’intimidation nucléaire de la part de la Russie alors que l’offensive russe en Ukraine se poursuit, la CIA ne "voit aucune preuve de préparatifs pour une utilisation potentielle d'armes nucléaires", ni aucun "changement significatif dans les déploiements nucléaires par les dirigeants russes".
Le chef de la CIA qui intervenait mardi à l'Université Rice a en outre averti que la fuite de documents militaires classifiés représente un problème urgent pour les États-Unis.
Fuite de documents: Washington ira jusqu’au bout
Les États-Unis vont travailler sans relâche jusqu'à ce que la source de la fuite de documents soit trouvée, s’est engagé le ministre américain de la défense Lloyd Austin.
"Nous continuerons d'enquêter et de travailler d’arrache-pied jusqu'à ce que nous en trouvions la source et l'étendue", a assuré Austin mardi lors d'une conférence de presse au département d'État.
Les fuites pourraient être la publication la plus dommageable d'informations du gouvernement américain depuis la publication en 2013 de milliers de documents sur WikiLeaks.
Milancy Harris, sous-secrétaire adjoint à la défense pour le renseignement et la sécurité, dirige l'enquête du Pentagone pour évaluer l'impact potentiel des documents divulgués, a déclaré un responsable américain à Reuters.
Certaines des informations les plus sensibles seraient liées aux capacités et aux lacunes militaires de l'Ukraine, et un document mentionne le nombre limité de troupes des forces spéciales occidentales dans le pays.