L’Afrique de l’Ouest place tous ses espoirs dans les bons offices de la dernière heure, nourrissant l’espoir d’éviter le pire. L’engagement grandissant de la diplomatie américaine est perçu comme une fenêtre ouverte pour la médiation avec les putschistes nigériens avant le sommet de la CEDEAO, lequel risque de valider l’option militaire.
Ces espoirs semblent s’estomper après les entretiens de la vice-secrétaire d'État américaine par intérim, Victoria Nuland, avec les militaires au pouvoir, qu’elle a qualifiés elle-même de "francs et difficiles".
Dépêchée par l’administration Biden dans l’espoir de revenir au statu quo, Mme Nuland a eu droit à un accueil plutôt froid par les nouveaux maîtres de Niamey. Ceux-ci n’ont pas retenu les suggestions américaines visant à “rétablir l'ordre démocratique”, a-t-elle déclaré.
Washington avait clairement apporté son soutien aux démarches entreprises par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, visiblement déterminée à s’opposer au coup d'État au Niger. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, a multiplié néanmoins les déclarations appelant à laisser une chance à la diplomatie, "moyen préférable" pour résoudre la crise.
"Il est certain que la diplomatie est le moyen préférable pour résoudre cette situation. C'est la démarche de la CEDEAO, c'est notre démarche et nous soutenons les efforts de la CEDEAO pour rétablir l'ordre constitutionnel", a déclaré M. Blinken à Radio France Internationale (RFI).
Le sommet de la CEDEAO prévu jeudi, devrait discuter de l'impasse dans laquelle se trouve le Niger depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet. Confrontés à un premier ultimatum décrété par la communauté ouest-africaine afin de les contraindre à restituer le pouvoir aux civils, les putschistes ont juré de résister à toute pression extérieure visant à rétablir le président évincé Mohamed Bazoum.
La crise - la septième prise de pouvoir en Afrique occidentale et centrale en trois ans - a attiré l'attention du monde entier, en partie à cause du rôle central du Niger dans la guerre contre les groupes terroristes dans la région du Sahel et de ses grandes réserves d'uranium et de pétrole qui lui confèrent une importance économique et stratégique pour les États-Unis, l'Europe, la Chine et la Russie.
La crédibilité de la CEDEAO en jeu
La CEDEAO, qui regroupe 15 pays, a adopté une position plus dure à l'égard du coup d'État du Niger qu'à l'égard des précédents, et sa crédibilité est en jeu. Elle avait en effet déclaré qu'elle ne tolérerait désormais aucun coup de force de ce type.
Vendredi dernier, les chefs de la défense de la CEDEAO se sont mis d'accord sur un éventuel plan d'action militaire si l’ex-président Bazoum n'était pas libéré et réintégré dans ses fonctions, tout en précisant que les décisions opérationnelles seraient prises par les chefs d'État.
Des rapports d’intelligence économiques confirment que tout recours à la force par la CEDEAO risquerait de déstabiliser davantage l'une des régions les plus pauvres du monde. De ce fait, une telle intervention serait peu probable.
D’où le ton plus conciliant de l’Union européenne indiquant qu'elle entrevoit encore une possibilité de médiation au Niger, avant le sommet d'urgence des dirigeants de la région. "L'UE pense qu'il y a encore de la place pour une médiation jusqu'au jeudi 10 août, date à laquelle la CEDEAO tiendra un autre sommet extraordinaire sur la situation au Niger", a déclaré un porte-parole de l'UE par courrier électronique.