Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est réjoui samedi soir qu'"environ 2.000 km notre territoire" aient été "libérés depuis début septembre" - sans préciser s'il s'agissait de km2 -, notamment les localités de Vassylenkovo et d'Artemivka, non loin de Kharkiv, dans le nord-est. Dimanche matin, l'état-major des forces ukrainiennes a toutefois précisé dans son communiqué quotidien qu'il s'agissait bien de 2.000 km2.
Jeudi, le commandant en chef des forces ukrainiennes avait affirmé que celles-ci avaient reconquis 1.000 km2.
Et l'armée russe fait le "bon choix de s'enfuir", a ajouté M. Zelensky, car "il n'y a pas de place pour les occupants en Ukraine et il n'y en aura pas".
"La Russie fait tout pour casser la résistance de l'Ukraine, de l'Europe et du monde pendant les 90 jours de cet hiver", comptant sur des problèmes de chauffage et un éventuel affaiblissement du soutien occidental à Kiev en raison de la hausse des prix de l'énergie en Europe, a-t-il en outre averti au forum international annuel Yalta European Strategy (YES) à Kiev. "C'est son ultime argument".
Dans l'est, les forces ukrainiennes ont annoncé plus tôt être entrées à Koupiansk, qui se trouve sur des itinéraires d'approvisionnement de l'armée russe, marquant une nouvelle étape dans leur récente contre-offensive éclair qui leur a permis de récupérer des pans entiers de territoires.
"Koupiansk, c'est l'Ukraine"
"Koupiansk, c'est l'Ukraine", a écrit un responsable régional sur les réseaux sociaux en diffusant une photo de soldats ukrainiens dans cette cité qui comptait 27.000 habitants avant la guerre. Les forces spéciales ont montré des images de leurs officiers "à Koupiansk, qui a été et sera toujours ukrainienne".
Cette nouvelle progression des troupes de Kiev au sud de Kharkiv pourrait entraver fortement la capacité de la Russie à ravitailler ses forces dans l'est de l'Ukraine et à leur apporter un soutien logistique efficace.
La veille, M. Zelensky avait annoncé que l'armée ukrainienne avait repris 30 localités dans cette région frontalière de la Russie.
Samedi, des journalistes de l'AFP y ont vu des camions et des blindés russes carbonisés, dont certains encore frappés de la lettre Z, le symbole de l'offensive de l'Ukraine entamée le 24 février.
Des soldats ukrainiens patrouillaient dans Balakliïa, où flottait le drapeau ukrainien, hissé en présence du commandant des forces terrestres ukrainiennes, Oleksandre Syrski.
"Nous achevons aujourd'hui la libération de Balakliïa, la première grande ville de notre offensive, et je suis sûr que ce n'est pas la dernière [...] Et devant encore, Izioum et beaucoup d'autres", a-t-il déclaré à cette occasion.
Le chef de l'administration d'occupation russe de la région d'Izioum, Vladislav Sokolov, a de son côté admis que la situation y était "difficile".
"Ces deux dernières semaines, la ville est visée par des bombardements des forces ukrainiennes, notamment avec des munitions de type Himars [...] ce qui provoque de graves destructions et fait beaucoup de morts et de blessés", a-t-il déclaré.
Les Himars sont des lance-roquettes multiples fournis à Kiev par Washington.
Regroupement russe
Le ministère de la Défense russe a ensuite annoncé avoir "retiré" ses forces présentes "dans les régions de Balakliïa et d'Izioum", afin de "renforcer" son dispositif plus au sud, autour de Donetsk, l'une des capitales des séparatistes prorusses.
A Lyman, une ville tombée fin mai aux mains des Russes, "la situation reste assez difficile, tout comme dans d'autres localités du nord de la région de Donetsk", a reconnu samedi son chef, Denis Pouchiline.
"Nos soldats avancent sur les lignes de front dans le sud dans plusieurs zones, de deux à des dizaines de kilomètres", a en outre assuré la porte-parole du commandement militaire du sud de l'Ukraine, Natalia Goumeniouk, sans plus de détails.
Dans le nord-est, près de Kharkiv, les forces russes avaient annoncé vendredi avoir envoyé des renforts face à la contre-offensive réussie de Kiev.
Dans le village de Grakové, tout juste repris par les forces ukrainiennes, les journalistes de l'AFP ont vu des destructions témoignant de la violence de combats, pylônes électriques abattus et câbles étalés sur le sol.
"C'était effrayant, il y avait des bombardements et des explosions partout", a raconté à l'AFP Anatoli Vassiliev, 61 ans.
"Compter sur nous"
Les corps de deux civils, avec des traces de tortures et des impacts de balle à l'arrière de la tête, y ont été découverts, a annoncé samedi le bureau du procureur général qui a ouvert une enquête.
Selon cette source, après la reprise de Grakové, un de ses habitants s'est rendu à la police en assurant que des soldats russes l'avaient obligé à enterrer ces cadavres.
Samedi, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock est arrivée à Kiev pour une visite surprise, sa deuxième depuis le début de la guerre.
"Ils peuvent continuer à compter sur nous. Nous continuerons à soutenir l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra, par la livraison d'armes, par un soutien humanitaire et financier", a-t-elle lâché.
Au cours des dernières semaines, l'Allemagne a livré à l'Ukraine des obusiers, des lance-roquettes et des missiles antiaériens. Ils font partie de l'arsenal militaire fourni par l'Occident qui a contribué, selon les experts, à entamer les capacités des forces russes.
Le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a toutefois déploré samedi une "attitude passive" du Fonds monétaire international, s'inquiétant des "délais" dans l'examen par le FMI de la demande d'aide de son pays.
Quant à l'Espagne, elle a accusé samedi, par la voix de sa ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, le président russe Vladimir Poutine d'utiliser les approvisionnements en gaz comme une arme de "terrorisme psychologique" pour effrayer les Européens et leurs gouvernements.