Il est possible d'analyser le match sous l'angle de la faillite technique, au vu des nombreuses imprécisions de Kylian Mbappé et de ses partenaires. Ou bien tactique, avec ces quatre offensifs jamais alignés ensemble: Ramos, Kolo Muani, Dembélé, Mbappé.
Pourtant durant le premier quart d'heure, les ressorties propres sous le pressing haut de Newcastle et des situations intéressantes devant ont montré que ce PSG possède la qualité technique nécessaire et que le schéma 4-2-4 de Luis Enrique aurait pu faire mal comme contre Marseille (4-0 le 24 septembre).
Mais un grain de sable a fait dérailler cette machine bien huilée: la ferveur surpuissante et féroce de 50.000 supporters bien décidés à prouver à l'Europe entière qu'elle devra compter avec Newcastle, deux décennies après la dernière participation du club à la Ligue des champions.
Le défenseur parisien Lucas Hernandez avait noté mardi que Newcastle allait "sortir avec des dents comme ça", avant d'assurer: "On est habitués à ce genre d'ambiance (...), on est conscients d'être attendus partout, c'est ça être fort mentalement, savoir oublier les attentes et tout donner sur le terrain".
Mais cette équipe rajeunie avec le recrutement cet été d'Ugarte (22 ans), Gonçalo Ramos (22 ans) et Kolo Muani (24 ans), la titularisation de Zaïre-Emery (17 ans) et les départs des expérimentés Messi, Neymar et Verratti, n'a pas semblé avoir les épaules pour l'instant.
Mbappé "démoralisé"
Marquinhos a fait l'erreur inaugurale avec cette relance ratée en plein centre qui offrait le but à Almiron (17e), et la panique a commencé à s'emparer des Parisiens. Manuel Ugarte ratait lui aussi une passe au milieu, tandis que Mbappé manquait ses prises de balle.
Le Bondynois a semblé particulièrement à la peine sur l'ensemble du match, avec un seul dribble tenté - et raté. Le Daily Mail a d'ailleurs observé après le match: "L'attaquant français semblait particulièrement démoralisé et en manque d'imagination quand, en première mi-temps, Bruno Guimaraes lui subtilisa le ballon et s'échappa grâce à une élégante pirouette. C'est ce type de geste que l'on attendait de Mbappé, mais il n'est jamais arrivé".
Le but de Burn (40e) a fait plonger un peu plus l'attitude des joueurs de la capitale. Les retards dans les duels se multipliaient. Ugarte profitait d'un temps mort pour sprinter vers son coach à la recherche de consignes et d'oxygène. Luis Enrique lui-même s'égosillait, notamment contre son capitaine Marquinhos, hagard.
Et après le troisième but au retour du vestiaire (Longstaff, 50e), l'équipe entière s'est replacée la tête baissée, les bras ballants. La réaction d'orgueil (but de Lucas Hernandez six minutes plus tard) allait être balayée par un but spectaculaire de Schär (90+1).
Un parfum d'irrationnel
L'atmosphère avait quelque chose de surréaliste, même pour les habitués de Saint James Park: "C'était incroyable, ça l'est toujours, mais là c'était encore un autre niveau", a commenté Eddie Howe, l'entraîneur des Magpies.
Ce parfum d'irrationnel et de faillite mentale vient immanquablement rappeler d'autres cauchemars au PSG, devenus traumatismes: la "remontada" du FC Barcelone en mars 2017 (6-1), sa réplique par Manchester United en mars 2019 (3-1), le triplé en un quart d'heure de Benzema avec le Real Madrid en mars 2022 (3-1).
Ce 4-1 est d'ailleurs la plus lourde défaite du PSG en Ligue des champions depuis la "remontada". Ironie de l'histoire: celui qui l'avait orchestrée à l'époque était mercredi soir sur le banc du PSG.
Qu'une telle désillusion survienne en phase de poules est peut-être salutaire pour un PSG qui a le temps de se redresser. Les grands matches dont accouchera ce difficile groupe F - avec aussi Dortmund et l'AC Milan - pourraient faire office de baptême du feu pour un effectif encore en rodage.