Le Maroc s’apprête à opérer la troisième réforme de la Moudawana (code marocain du droit de la famille) depuis sa promulgation en 1958. Mais tout comme sur la scène politique, les Marocains eux-mêmes semblent irréconciliables.
Le délai octroyé par le roi Mohammed VI au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch le 26 septembre, pour asseoir les fondements de la réforme de la Moudawana arrive à échéance.
Deuxième sous son règne après celle de 2004, cette dernière continue de soulever le débat, notamment sur des sujets épineux tels que l’héritage, la polygamie, la filiation parentale ou encore le droit de tutelle et de garde des enfants.
Pour encadrer ce débat, une instance a été chargée de la révision de la Moudawana et a recueilli les propositions de plusieurs instances civiles, syndicales et politiques.
Pour tous, cette réforme est nécessaire dans un Maroc qui n’est plus celui de 2004. En effet, pour Soumaya Naamane Guessous, "la société marocaine a évolué et donc tout naturellement les législations qui la régissent doivent elles aussi évoluer".
Si en 2004, "62% des femmes marocaines étaient analphabètes", ce chiffre a drastiquement baissé depuis. Plus encore, "bien que les statistiques disent que seulement 22% des femmes sont employées, le secteur de l’informel n’est pas recensé, alors que nous savons aussi qu’un foyer sur six et maintenu exclusivement par une femme", affirme la sociologue et activiste.
La réforme devra se faire "en parfaite concordance avec les desseins ultimes de la loi islamique et les spécificités de la société marocaine", soulignait le souverain marocain dans sa lettre.
Pour la sociologue, certaines lois encore en vigueur posent un problème également religieux et "ne découlent réellement ni de la charia ni de la sunna", citant à titre d'exemple le système de "taassib" (héritage par agnation).
Évoquant des conjonctures où les sociétés musulmanes se sont accordées à contextualiser des injonctions religieuses, la sociologue marocaine préconise un effort "engagé à l’égard d’autres pratiques encore existantes dans un Maroc où la condition de la femme a changé".
La demande de révision du code de la famille émane, poursuit-elle, de la part de "femmes et d’hommes, qui ne sont qu’une minorité, mais une minorité très active".
La Moudawana qui comprend 400 articles devra être présentée au Parlement avant d’être adoptée au cours de l’année prochaine.