L’histoire du château d’Amboise est intimement liée à celle de la dynastie royale des Valois. Tout d’abord, Charles VIII et son épouse, Anne de Bretagne, marquèrent durablement les lieux. Le roi de France a toujours voulu faire d’Amboise, qui comptait 220 pièces, un beau palais gothique. Malgré des campagnes militaires longues et coûteuses en Italie, il ordonne de construire deux logis d’apparat, une chapelle et de deux tours cavalières. Cette rénovation du château est aussi un moment d’innovation notamment l’hiver car on met au point des techniques pour chauffer les pierres, leur évitant de geler l’hiver, et ce dans l’objectif de poursuivre les travaux. Le roi fait appel à des maçons français et flamands mais aussi des artistes, des jardiniers et des architectes italiens. Ensuite, son cousin, le duc d'Orléans, lui succède sous le nom de Louis XII. Il réside surtout à Blois tandis que son jeune cousin et héritier, le futur François Ier, est éduqué à Amboise. Dans la continuité de Charles VIII, Louis XII poursuit les travaux et achève la Tour Heurtault dans l'aile perpendiculaire au Logis de son prédécesseur. Enfin, François 1er embellie également Amboise du style italien de la Renaissance et en rehaussant l’aile de Louis XII.
Amboise, témoin des combats et des débats de son temps
En 1518, François 1er célèbre la naissance de son fils aîné François, Dauphin de France, pour organiser à la cour d’Amboise de fastueuses fêtes. Ces festivités sont mises à profit pour valoriser les victoires françaises en Italie, notamment la bataille de Marignan, en présence des représentants des cours européennes. Le château d’Amboise est le lieu d’expression de l’art de vivre et de bâtir à “l’italienne”. Celui qui se diffuse dans le reste du royaume avec le concours de l’architecte et ingénieur Dominique de Cortone dit « Boccador » (1465-1549), le sculpteur Il Paganino (1450-1518), le jardinier Dom Pacello da Mercogliano (1453- 1534) et Léonard de Vinci (1452-1519). Ils séjournent à Amboise et mettent leurs talents à profit pour embellir le Château. Grâce à eux, le château d’Amboise atteint un niveau de beauté et de raffinement qui a tant suscité l’admiration de ses contemporains. Le château d’Amboise est enfin le témoin de l’unité nationale consolidée avec le rattachement de la Bretagne à la France mais aussi celui de la “Conjuration d’Amboise”, un épisode violent de la sanglante guerre des religions entre catholiques et protestants en France. Mais, progressivement, le château d’Amboise perd de sa splendeur et de son prestige.
Une personnalité : L’émir Abdelkader
Un homme d’exception va rendre à ce lieu prestigieux ses lettres de noblesse et faire du château un lieu somptueux d’échanges culturels et d’élévation spirituelle. Il s’agit de l’émir Abdelkader. Il est né le 6 septembre 1808 à El Guettana, dans la régence d'Alger, et il est mort le 26 mai 1883 à Damas. Chef religieux et militaire algérien mais aussi spirituel, il mène une lutte contre la conquête de l'Algérie par la France de 1832 à 1847. Une des conditions de sa reddition était de se rendre pacifiquement à Damas, la ville où est enterré son guide spirituel, le mystique andalou Ibn Arabi (1165-1240). Le gouvernement français n’a pas respecté sa parole, il a été ainsi en résidence surveillée au château d’Amboise jusqu’en 1852. Malgré la désillusion et les difficultés de la vie en Touraine pour des Algériens, ses visiteurs sont admiratifs de sa dignité, de son sens de l’hospitalité et de sa grandeur spirituelle. Il reçoit des dignitaires religieux catholiques, protestants mais aussi des francs-maçons et même Ismayl Urbain conseiller de Napoléon III, converti à l’islam et au saint-simonisme. Son passage au château d’Amboise a marqué les esprits, il représente pour lui une étape importante dans son cheminement spirituel. Il y a fait l’expérience de la fraternité humaine. C’est grâce aux belles énergies du château d’Amboise sans doute !
Au final, le château représente un carrefour au moins sur trois plans : 1) historique, la dynastie des Valois entre les Capétiens et les Bourbons 2) intellectuel, entre les acteurs de la Renaissance et de la Réforme 3) culturel, entre l’Occident et l’Orient.