"Je suis heureux à l’idée de pouvoir prier dans une des plus grandes mosquées au monde". Debout face à la grande mosquée d’Alger, Ahmed Bouda ne cache pas sa joie. Cet habitant de la ville d’El-Harrache, dans la banlieue d’Alger, est venu, ce dimanche 25 février pour l’inauguration officielle de cette mosquée, présentée comme la troisième plus grande mosquée au monde derrière celle de la Mecque et Médine.
Les jardins entourant la Grande mosquée d’Alger sont verdoyants et le plus haut minaret du monde, haut de 265 mètres, monte dans le ciel bleu comme un fil interminable. Son extrémité, recouverte de verre teinté, cache une pointe en dôme et offre aux visiteurs une vue imprenable, sur 380 degrés sur Alger et au-delà, jusque dans les lointaines montagnes de Chréa, situées à une centaine de kilomètres au Sud. Au Nord, c’est la mer méditerranée qui s’offre aux yeux, avec comme horizon proche la Baie d’Alger, l’une des plus belles au monde, dans laquelle flottent de nombreux bateaux qui attendent une place au quai du Port d’Alger.
Mais le minaret n’est pas le seul atout de la Grande Mosquée, dont la construction marie tradition architecturale islamique et modernité. Édifié sur plus de 20 hectares pouvant contenir dans sa globalité 120 000 fidèles dont 36 000 dans la gigantesque salle de prière, ce lieu de culte est surmonté d'une coupole d'un diamètre de 50 mètres, culminant à une hauteur de 70 mètres, montée en Chine avant d’être acheminée par bateau vers l’Algérie. Au milieu de la salle, dont le toit est soutenu par de nombreuses colonnes, trône le plus grand lustre au monde. Pesant 9,70 tonnes et mesurant 13,70 mètres de diamètre, il est orné de 357 000 cristaux Swarovski qui reflètent la lumière des projecteurs dans toute la salle. Plongé dans un bain d’or de 24 carats, il présente les tasbih (chapelets ) ciselés sur toute sa circonférence. Un gigantesque tapis importé d’Iran qui reprend des motifs de plusieurs régions du pays, habille le sol de l’immense salle.
Dans les immenses jardins sont éparpillées d’autres dépendances : un institut des sciences islamiques avec un hôtel pouvant accueillir 300 doctorants en sciences religieuses, une bibliothèque de 2000 places, un musée du Coran, une salle de conférences de plus de 1000 places et d’autres salles de réunions et d’un parking pour 6000 véhicules. Dans les 43 étages du minaret et dans d’autres endroits du site, des restaurants et cafés ainsi que des jardins sont à la disposition des visiteurs. Et pour relier la mosquée au reste de la ville, deux ponts à haubans surplombent la voie express qui relie la capitale à l’Est du pays pour permettre aux visiteurs d’accéder, en sécurité, à certains lieux de plaisance aménagés le long de la façade maritime.
Les autorités algériennes répètent à l’envi que "Djama El Jazaïr" est "la troisième plus grande mosquée" au monde et son minaret est le plus grand de la Planète. D’où l’invitation lancée à de grandes figures religieuses des quatre coins du monde pour assister à la cérémonie d’inauguration: de la lointaine Australie à l’Afrique, en passant par l’Egypte et d’autres pays du Moyen-Orient. Les Grands Muftis de Russie et de Lituanie mais aussi le représentant de l’église catholique d’Afrique du Sud y étaient également présents.
Une inauguration retardée
L’inauguration de la grande mosquée dont les travaux ont commencé en 2012 avait pourtant pris du retard. C’est la société chinoise China State Construction Engineering (CSCEC) qui a réalisé les travaux de ce complexe dont la conception a été prise en charge par le Bureau d’études allemand "KSP Jürgen Engel Architekten» et « Krebs und Kiefer".
Cette magnifique réalisation, dont le coût avoisine les 2 milliards de dollars - bien que le montant exact n'ait jamais été confirmé officiellement - a finalement été achevée en avril 2019. Le président français, Emmanuel Macron a visité la mosquée un an plus tard. Cependant, en raison de divers facteurs tels que la pandémie de Covid-19 et de considérations techniques relatives aux normes parasismiques dans une zone à forte sismicité, l'ouverture au public avait alors été retardée. "Pour gérer cette importante structure, le gouvernement algérien a créé une société dédiée. Mohamed Maamoune El-Kacimi El-Hassani, une figure de la confrérie Rahmania, la plus influente dans le pays, a été nommé grand recteur de la Mosquée avec le titre de ministre d’État. Une manière de réitérer l’attachement des autorités à un Islam modéré et de contrer ceux qui véhiculent "des dérives et des idées contraires à notre religion, à nos traditions et au juste milieu prôné par nos aïeux et nos cheikhs", a souligné le président Tebboune lors de l’inauguration.