Les rebelles yéménites, Houthis, ont élargi leurs cibles en mer Rouge. Outre les navires liés à Israël, ils ripostent désormais systématiquement aux attaques des navires de guerre américains et britanniques.
Ils ont affirmé, mercredi 31 janvier, avoir visé un navire de guerre américain au large du Yémen, quelques heures après que l'armée américaine a annoncé y avoir abattu un missile.
Les Houthis "ont lancé plusieurs missiles navals appropriés sur le destroyer américain USS Gravely en mer Rouge", ont-ils déclaré dans un communiqué.
Le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) avait indiqué plus tôt qu'un missile antinavire avait été tiré mardi à 23h30 heure de Sanaa (20h30 GMT) depuis les zones contrôlées par les Houthis en direction de la mer Rouge.
"Le missile a été abattu par l'USS Gravely (DDG 107). Aucun blessé ni dégât n'a été signalé", a-t-il ajouté.
Les Houthis, qui contrôlent de larges pans du territoire yéménite, ont mené plus de 35 attaques contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d'Aden depuis le 19 novembre, selon le Pentagone, perturbant le trafic maritime dans cette zone essentielle pour le commerce mondial.
Ces insurgés disent vouloir empêcher les navires liés à Israël de naviguer au large du Yémen, "en solidarité" avec les Palestiniens dans la bande de Gaza, en proie à une guerre sans merci menée par Israël depuis le 7 octobre dernier.
Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont déployé des navires de guerre en mer Rouge et mené plusieurs frappes en janvier contre les positions des Houthis, parfois conjointement avec le Royaume-Uni.
Les Houthis ont répété, mercredi, qu'ils poursuivraient leurs attaques jusqu'à la fin de la guerre à Gaza.
"Tous les navires de guerre américains et britanniques en mer Rouge et en mer d'Arabie qui participent à l'agression contre notre pays (...) seront pris pour cible dans le cadre du droit à la légitime défense", ont-ils assuré.
Vers une mission européenne
Par ailleurs, les États membres de l'UE souhaitent lancer une mission navale en mer Rouge d'ici la mi-février pour protéger les navires des attaques des Houthis du Yémen, et pourraient décider incessamment de sa structure de commandement, a déclaré le chef de la politique étrangère Josep Borrell.
La France, la Grèce et l'Italie ont manifesté leur intérêt pour diriger la mission, sept pays ayant jusqu'à présent indiqué qu'ils seraient prêts à envoyer des moyens navals, ont indiqué des diplomates, ajoutant qu'elle serait basée sur les missions existantes de l'UE dans la région.
L’opération verrait initialement trois navires sous commandement de l’UE. La France et l'Italie disposent déjà de navires de guerre dans la région et l'Allemagne envisage d'envoyer la frégate Hesse en mer Rouge, ont explicité des diplomates.
Environ 12% du commerce maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab al-Mandeb, qui contrôle l'accès au sud de la mer Rouge, mais depuis la mi-novembre, le nombre de conteneurs a chuté de 70%, selon les experts maritimes.
De nombreux armateurs ont préféré interrompre leur trafic dans cette zone pour un itinéraire alternatif autour du cap sud-africain de Bonne-Espérance, plus long et coûteux.
Les compagnies maritimes ont procédé à des hausses importantes des tarifs pour couvrir les frais liés à la crise. L'un des indicateurs de référence pour mesurer le coût de fret des marchandises acheminées depuis la Chine, le Shanghai Contenarized Freight Index (SCFI), a plus que doublé en un mois.